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Canadian Urbanism Uncovered

L’adoption du PMAD à la quasi-unanimité: un faux consensus?

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Membres de la Commission de l'aménagement de la CMM. Crédit photo: CMM

La nouvelle n’est plus très fraîche, mais cela ne peut pas faire de tort que de le répéter: le Plan métropolitain d’aménagement et développement (PMAD) – le premier plan régional de l’histoire du Grand Montréal – a finalement été adopté le 7 décembre dernier par le Conseil de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

L’adoption du PMAD n’a surpris personne, puisque Montréal, Longueuil et les municipalités de la couronne sud étaient en faveur du projet et que seuls les maires de la couronne nord étaient ouvertement contre (le Plan devait être approuvé par les deux tiers des membres du Conseil de la CMM et Montréal, Longueil et la Couronne sud comptent ensemble 21 des 28 sièges). Ce qui est étonnant, cela dit, c’est l’adoption du Plan à la quasi-unanimité (tous ont finalement voté pour sauf Vaudreuil-Soulanges), et ce après une campagne agressive de relations publiques des maires de la couronne nord pour faire dérailler le processus.

Comment expliquer ce changement de position abrupt? À vrai dire, personne à qui j’ai parlé à Montréal ne le sait. Tous sont incrédules. Le préfet de la MRC Ste-Thérèse-de-Blainville, Paul Larocque, s’est confondu en explications dans les médias (locaux, principalement) pour tenter d’expliquer son changement-de-fusil-d’épaule et son “enthousiasme modéré” pour le PMAD: selon lui, il y aurait eu des changements substantiels à la dernière minute qui auraient permis l’adhésion des MRC de la couronne nord. Il fait référence, entre autres, à l’assouplissement des règles pour la modification du périmètre d’urbanisation (critère 1.6.2 de la version du Plan adoptée le 7 décembre).

Mais dans les faits, le critère 1.6.2 du Plan tel qu’il a été adopté n’est qu’une élaboration du critère 1.6.1 de la version “projet” du Plan adopté en avril – le projet de PMAD prévoyait déjà qu’on pouvait faire des modifications au périmètre d’urbanisation. En réalité, la version adopté est à plusieurs égards plus sévère que ne l’était le projet (mentionnons, entre autres, l’objectif ambitieux de protéger 17% du territoire de la CMM, soit la totalité des boisés qui existent encore). Les explications de M. Larocque quant au changement subit d’attitude des maires de la couronne nord ne sont donc pas très crédibles. En bon québécois, ses excuses ne tiennent pas debout!

Je me pose donc la question: y a-t-il réellement un consensus autour des objectifs du PMAD? Où y a-t-il plutôt eu des jeux de coulisses, un pacte de non-agression ou encore un “deal” entre les maires récalcitrants et les hautes instances du Gouvernement du Québec concernant la mise en oeuvre du plan (c’est-à-dire, l’assurance que la mise en oeuvre du PMAD soit plutôt molle et non contraignante)?

Je me pose la question non pas parce que j’affectionne les théories du complot, mais plutôt parce qu’un faux consensus autour d’un enjeu de société important et controversé comme celui-là est une chose dangeureuse. S’il s’agit bel et bien d’un compromis “politique”, les tractations vont continuer, mais derrière des portes closes. Et le débat de société qui devrait normalement se poursuivre en public n’aura pas lieu.

Le PMAD a été adopté, oui, mais cela ne veut rien dire si le fameux document en reste à l’état papier. Je veux bien donner le bénéfice du doute à M. Larocque et a ses collègues – mais le doute subsiste.

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