Skip to content

Canadian Urbanism Uncovered

Voulez-vous retenir les familles à Montréal ?

Read more articles by

cc ancarett, Flickr

Voulez-vous retenir les familles à Montréal ? Si vous êtes candidat aux élections municipales, la réponse est certainement oui.

Et d’ailleurs, personne n’aime l’idée que les familles quittent Montréal. Qui voudrait d’une ville destinée exclusivement aux célibataires surmenés, qui habitent un logement de 50 m2 dans une tour, adorent leur chien et se nourrissent dans la section du prêt-à-manger à l’épicerie ? Sans famille, la ville devient triste.

Seulement, il peut se dégager de toutes ces discussions sur les familles des impressions erronées. Je voudrais en corriger quelques-unes.
D’abord, on entend souvent que Montréal se vide. À entendre certains commentateurs, la population de Montréal serait en décroissance et la ville serait au bord du déclin. Or rien n’est plus faux.

La confusion provient d’une mauvaise lecture des données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). L’ISQ annonce chaque année que 20,000 à 24,000 personnes ont quitté Montréal, essentiellement pour se relocaliser en banlieue. Entre 2011 et 2012, par exemple, 11 000 personnes âgées de 25 à 44 ans et plus de 5,500 enfants âgés entre 0-14 ans ont adopté Lanaudière, la Montérégie ou Laval. Mais ces données de l’ISQ ne tiennent compte que de la migration entre les régions du Québec. Pour avoir un portrait complet, il faut y ajouter à l’immigration internationale. Car, pendant que 22,000 Montréalais annuellement quittent l’île pour ne plus y revenir, presque 50 000 immigrants internationaux entrent au Québec et la vaste majorité d’entre eux s’installent à Montréal. Aussi, Montréal ne se vide pas : sa population augmente tranquillement de 5,000 ou 6,000 habitants par année.

Et est-ce que le nombre de familles est en chute libre ? Non, en réalité il augmente. Depuis 2001, 2 500 familles avec enfants se sont ajoutées à Montréal. C’est évidemment une croissance modeste, mais c’est loin de l’hémorragie que l’on évoque régulièrement dans les médias.

L’autre impression erronée qui se dégage des discussions, c’est que la diminution du nombre de familles est un phénomène proprement montréalais. En vérité, de nombreuses municipalités sont confrontées à la disparition des familles. Entre 2001 et 2011, la proportion d’enfants sur le territoire montréalais est passée de 15,6 % à 15 %. Dans la même période, Laval est passé 18,6 % de à 17,3 % et Longueuil de 17,9 % à 14,9 %. Dans l’ensemble du Grand Montréal, la proportion d’enfants est passée de 18 % à 16,5 %. La raison est simple : les gens vivent plus vieux. Quand le nombre de personnes âgées s’accroit, la proportion d’enfants baisse. À Montréal, comme à Longueuil, Boucherville et Sainte-Thérèse, les aînés sont désormais plus nombreux que les enfants. Et cette tendance n’est pas prête de s’arrêter.

Alors, devrait-on se préoccuper des familles dans la présente campagne électorale municipale ? Bien sûr, mais peut-être faudrait-il poser autrement la question. Plusieurs familles qui partent le font à regret et nous devrions considérer comme un échec collectif qu’autant de gens ne puissent trouver de logements abordables dans un environnement qu’ils considèrent comme chez eux. Comment donner la possibilité à tout le monde, y compris aux familles, d’habiter en ville ? Personnellement c’est de ça que j’aimerais que l’on discute.

Recommended

One comment

  1. Je suis contente de ces précisions. Oui, je veux retenir les familles sur l’île, notamment pour ne pas me faire empester et menacer de mort de la part des chauffards (surmenés) de la troisième couronne. Et ce n’est pas normal d’habiter des quartiers sans enfants.

    Par contre, je n’ai jamais eu d’enfant, et ce temps-ci, j’habite seule (Enfin, avec mon vieux matou de 17 ans et demi). Est-ce que j’ai moins de valeur comme citadine? Et pourtant, je participe depuis longtemps à des causes citadines, des vélos jusqu’au logement social…

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *