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Canadian Urbanism Uncovered

Rétrospective de l’année 2013

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Spacing Montréal dévoile son palmarès 2013 des éléments qui ont marqué l’actualité montréalaise en urbanisme, aménagement, transports et politique. Ils ont été regroupés par Alexandre Campeau-Vallée (ACV), Alanah Heffez (AH) et Marie-Ève L. Brodsky (MELB). On vous invite à y ajouter et commenter vos coups de coeur.

 La dégradation du pont Champlain et son remplacement imminent a fait émerger une quantité impressionnante d’enjeux fascinants pour la métropole: la gouvernance et les rapports de force entre les trois paliers gouvernementaux, la question de la qualité des ouvrages et l’octroi des contrats, le sentiment de sécurité des québécois vis-à-vis des  infrastructures vieillissantes, la congestion routière, le nombre de ponts Champlain nécessaire, les délais de réalisation du projet, l’esthétisme de l’infrastructure, son rayonnement international,  la place de l’automobile et des modes idéaux de transport collectifs, la protection de la fameuse vue sur Montréal et finalement la conservation du fragile écosystème du St-Laurent. (ACV)

  • Le champ des possibles: protection d’un espace non programmé

Il est particulièrement rare qu’un espace post-industriel vacant situé au coeur d’une ville demeure à l’abri de la spéculation foncière, d’un gérant de stationnement ou d’une tentative de projet de développement quelconque. Il est encore plus rare qu’une autorité municipale statue afin de protéger une friche et d’en remettre la gestion à ses citoyens. C’est le cas du Champ des possibles, une histoire unique, qui ouvre la porte à une nouvelle gestion des espaces résiduels végétalisés et élargit de la définition de protection patrimoniale.

À cet effet, Vincent Lemay, architecte paysagiste, mentionne que « la participation active de la population;  enfants, étudiants, artistes et spécialistes, démontre un vif intérêt pour ce type de parc d’un nouveau genre. Le succès du High Line à New-York, en est un bel exemple. » (ACV)

Le champ des possibles en 2008. Source: Artefatica http://www.flickr.com/photos/artefatica/
  • Projet pilote: bouffe de rue pour l’élite

Levant 65 années d’interdiction sur la bouffe de rue, la Ville de Montréal a émis 27 permis à une sélection de restaurants et traiteurs. L’objectif était d’avoir une offre « à la hauteur de notre réputation gastronomique»,  de se doter de véhicules conformes, de circuler à des horaires précis et sur des sites pré-établis. Ces balises, n’assurent pas forcément un accès à  une alimentation abordable à toute heure du jour et de la nuit. Elles ne créent pas non plus un modèle d’affaires flexible qui permettrait aux entrepreneurs d’innover et de faire leur entrée dans le marché. À cet effet, la revue Vice a caractérisé la cuisine de rue Montréalaise de « fuck-you » aux immigrants et aux pauvres. Pour une expérience alimentaire plus expérimentale essayez-donc la cuisine de dépanneur. (AH)

  • Les trous marquants de 2013

En mars dernier le maire à invité les montréalais à se prononcer sur une question de premier ordre: préfère-t-on vivre avec les nids-de-poule, ou bien les faire boucher par des entreprises potentiellement corrompues? Pendant ce temps, on découvre qu’une nouvelle technologie durable et éprouvée au Québec parviendrait à colmater les nids-de-poule pour au moins un an. Coup de théâtre, à Montréal cette fameuse technique ne survit pas 48 heures. Même cette technologie révolutionnaire n’aurait pas pu sauver la rétrocaveuse qui a été avalée avec son conducteur dans un énorme trou béant de 12 pieds de profondeur à l’intersection Ste-Catherine et Guy. Finalement, après la longue saga du Quadrilatère Saint-Laurent, six édifices centenaires, tous situés dans l’aire de protection du Monument National, ont été démolis en pièce par pièce (et numérotés), laissant un triste trou dans l’histoire et le tissu urbain de la Main. (AH)

Le 5 août 2013, Ste-Catherine et Guy. Source: Journal de Montréal
  • Poste canada: de partout jusqu’à où?

Le 13 décembre, Postes Canada annonçait la fin de la livraison à domicile et la disparition du facteur d’ici 5 ans et propose d’uniformiser l’usage de boites postales pour des raisons de rentabilité. Entre 5000 et 8000 emplois seraient en jeu et cette mesure vise les deux tiers des ménages canadiens toujours desservis. Dans le tollé, plusieurs pétitions sont lancées soulevant le rôle du facteur comme agent liant pour les quartiers, ce qui assure l’accessibilité universelle au courrier. Pour les optimistes, se déplacer sur 100 m est un moindre mal dans un monde où le courriel est roi, ils y voient même une occasion de rencontres. Quoi qu’il en soit, deux questions persistent : quel sera le design de ces nouvelles boîtes et, surtout, où va t’on les mettre ? (MELB)

  • Les dénonciatrices de la corruption

Bien que la corruption en politique municipale soit intemporelle, 2013 a été marquée par de nombreux évènements litigieux. À ce titre, citons deux évènements troublants: l’arrestation du maire de Laval et de ses 36 complices sur des charges de « gangsterisme »  et la mise sous tutelle de la ville de Laval par la province de Québec. À peine quelques mois plus tard, Claire LeBel enregistre l’ex-maire Vaillancourt et dénonce sa tentative d’intervention frauduleuse dans la financement de sa campagne électorale. Plus récemment, la mairesse de Châteauguay, Nathalie Simon, signale à la police que quatre entrepreneurs lui auraient offert des dizaines de milliers de dollars en échange de postes influents dans la municipalité.  Les élus qui dénoncent la corruption avant même que ça pogne, on aime ça! (AH)

  • Les élections municipales : un vrai changement pour Montréal ?

Après le vaudeville judiciaire qui a ébranlé l’Hôtel de Ville, tout semblait possible à l’orée de la dernière campagne électorale municipale. Finalement, ce sont quatre candidats (désolé M. Brulé), qui ont croisé le fer, soit un ex-ministre libéral populiste, une jeune première dynamique, un économiste effacé et un urbaniste rêveur.

La transparence et l’intégrité ont catalysés le débat, laissant quelques lignes génériques (et réservées) sur les transports collectifs, quelques déclarations génériques sur l’avenir de Montréal, la rétention des familles et l’économie.

Après une campagne électorale mouvementée, quelques éléments sont à souligner. Mélanie Joly, faute d’être entrée avec fracas à la mairie, a complètement brouillé les cartes, pénalisant surtout M. Bergeron. Ce dernier, qui a vu son rêve lui échapper, a toutefois consolidé la présence de son parti et gagné le controversé débat du plateau, mettant (temporairement) fin à la saga du maire Ferrandez. La quête de succès de Denis Coderre l’a finalement hissé à la mairie, apportant un changement mitigé à Montréal (ACV)

Source: radionrj
  • L’oléoduc 9B : le renversement des priorités

D’un côté il y a l’argument économique avec le spectre d’une fermeture supplémentaire comme celle de Shell et de l’autre, plusieurs groupes s’y opposant fermement. L’inversion du flux de l’oléoduc 9B par Enbrige a plus que jamais mis en lumière le déséquilibre entre la voix des citoyens, celle de l’industrie pétrolière, celle du gouvernement provincial et surtout celle du responsable du projet : le gouvernement fédéral. Montréal, son territoire et ses citoyens sont directement connectés à Fort McMurray tout en étant déconnecté des instances décisionnelles. Même si une bonne partie de l’est de Montréal doit son développement à l’or noir, il faut se poser la question de la place de cette industrie en ville. L’explosion du centre-ville de Lac-Mégantic est d’ailleurs venue ajouter un angle particulier à cette réflexion. (ACV)

  • La charte des malheurs

L’infâme Charte des valeurs québécoise est la plus récente intervention politique qui a contribué à approfondir la rupture entre Montréal et les régions. Montréal, qui regroupe la plus grande concentration de communautés culturelles au Québec, semble peu perturbée par la prolifération de signes religieux ostentatoires sur son territoire. Malgré que les 15 villes de l’île de Montréal aient affirmé que la charte «témoigne d’une méconnaissance complète de la réalité montréalaise et mène à la division», le gouvernement a souligné que la métropole ne pourrait pas se retirer de ce projet de loi.

Ne serait-il pas le moment de créer notre propre cité état, comme certains le proposent ? (AH)

  • Le 22 mai 2013: pas d’eau, pas de maire, pas de métro

Les malheurs urbains de Montréal ont atteint un nouveau sommet le 22 mai, tout comme le cynisme des citoyens, épuisés par les scandales et les commissions d’enquêtes. La veille, le métro avait connu la septième panne générale annuelle sur son système. Puis, au matin du 22 mai, c’est le réseau d’eau potable qui lâche. Critiqué pour l’incapacité d’informer la population rapidement, le maire intérimaire (qui allait démissionner trois semaines plus tard au lendemain de son arrestation) défend le choix d’utiliser les réseaux sociaux et la télévision pour informer la population. Il reconnait qu’il y a « toujours place à l’amélioration ». À l’heure où la ville mise sur son compte Twitter pour rejoindre ses citoyens, on pourrait croire que des signaux de fumée ou une sirène générale auraient été plus efficace.  (MELB)

« Je veux dire aux Montréalais que je les aime »
– Maire Applebaum au moment de sa démission.

One comment

  1. Ces analyses sont excellentes !

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