C’est entre le boulevard Gouin et Henri-Bourassa, juste à l’est du boulevard Saint-Michel, que se situe l’Institut Marie-Clarac, l’un des plus intéressants exemples d’architecture moderne de l’arrondissement de Montréal-Nord. Composé d’un hôpital, d’une école et d’un couvent, cet ensemble conventuel fut construit entre 1963 et 1965 pour la congrégation des Sœurs de la Charité de Sainte-Marie par l’architecte Pierre Cantin.
C’est en plein boom immobilier que Cantin conçoit l’ensemble sur un terrain bordant la rivière des Prairies. S’il était à l’origine l’un des seuls à occuper la rive, il partage aujourd’hui son environnement avec plusieurs autres institutions.
Ce qui retient l’attention, c’est évidemment l’architecture très singulière de l’ensemble. L’architecture de l’Institut Marie-Clarac se distingue par son aspect modulaire : différents volumes correspondent aux différentes fonctions qui composent le programme de l’ensemble. La pierre des champs, le béton, le verre et l’acier constituent les principaux matériaux de construction. Des panneaux d’acier aux couleurs primaires marquent quant à eux l’aile de l’hôpital. C’est cette dernière aile qui se distingue surtout des précédentes par son caractère organique.
L’utilisation de cette forme par Cantin n’est pas fortuite. Les modulations déployées sur l’îlot permettent la création de percées visuelles sur le milieu environnant. À cet effet, les principaux espaces communs de l’hôpital se situent aux extrémités de l’aile favorisant ainsi le dialogue avec le milieu. Cantin a multiplié les points de vue sur et à partir du bâtiment en préconisant une modulation complexe de courbes. S’il élimine tout rapport harmonique entre les différentes parties de l’Institut Marie-Clarac, il accentue le caractère brutal des transitions entre les modules. Il mise ainsi sur le contraste entre les différents volumes pour dégager les fonctions de l’ensemble et ainsi accentuer les distinctions et les caractères spécifiques de chacune des parties.
Le langage architectural ici exprimé par Pierre Cantin témoigne sans aucun doute du modernisme architectural québécois de la seconde moitié du XXe siècle. Cette modernité s’exprime à plusieurs niveaux. Elle est illustrée notamment par la complexité du jeu de volumes créé par l’assemblage des modules. Leur regroupement contribue ici à créer une impression d’asymétrie. De même, les panneaux de couleurs primaires utilisés dans la conception de l’aile de l’hôpital marquent le caractère novateur de l’ensemble. D’ailleurs, ceux-ci ne sont pas sans rappeler certains tableaux de Mondrian. Mais c’est certainement l’effet de parcours créé par l’utilisation d’une forme organique qui constitue ici la rupture la plus intéressante avec la tradition architecturale classique. Les courbes de l’hôpital semblent s’emboiter comme une pièce de casse-tête avec le reste du site. Chaque chambre possède une vue particulière et l’effet de découverte pour le promeneur en est d’autant plus augmenté.
2 comments
Ma grand-mère est restée plusieurs semaines là-bas (elle va bien aujourd’hui), il y a de celà quelques années. Je me rappelle y être allée pour la visiter, et c’est resté depuis ce temps-là, l’image mentale que je me faisais d’un centre de soins pour personnes âgées. C’est très intéressant de revoir le bâtiment sous un autre angle.
J’etais pensionnaire a Marie Clarac pendant mes etudes de primaire. (’65 a ’71) Elles ont ete parmi les meilleurs annee!
Merci au soeur de la charite.