Si on dit que notre érable le plus célèbre, l’érable à sucre, est la reine de la Forêt Montréal, qui en serait le roi? Et pourquoi avoir photographié celle-là et non celui-ci? C’est parce que le roi est moins flamboyant que la reine dans notre domaine forestier, l’érablière à caryer cordiforme. En fait, ses feuilles ressemblent beaucoup aux feuilles d’un autre arbre discret, le frêne rouge (red ash), dont il était dans ma chronique du mardi dernier. Peu importe que le roi soit d’allure modest, il reste que la présence des ces deux espèces d’arbres dominantes indique que la forêt est à son sommet de sa maturité.
Alors, l’indice est lancé. Oui, le roi de la Forêt Montréal, c’est le caryer cordiforme (bitternut hickory, Carya cordiformis). Mais, paradoxalement, il est un des plus rares arbres parmi les 46 arbres indigènes de notre domaine forestier. En fait, notre domaine s’étend au-delà de l’île de Montréal: il comprend également le coin entier du sud-ouest du Québec, un petit triangle qui n’occupe que 0,6% du territoire, mais qui abitre une plus grande biodiversité (flore et faune) que tous les autres domaines forestiers.C’est également le coin du Québec le plus fécond, le plus cultivé, le plus habité et le plus asphalté. Alors, il reste moins de 5% de l’érablière à caryer cordiforme en forêt. Et nous, Montréalais, avons la chance d’habiter non loin de plusieurs vestiges de la forêt plus ou moins originale: l’Arborétum Morgan, le bois du Saraguay, le cap St-Jacques, etc.
Et le mont Royal, bien sûr. C’est là où j’ai pris cette photo qui témoigne de la richesse de l’érablière à sucre. Ici, vous voyez un jeune érable à sucre (sugar maple, Acer saccharum), le premier sur la montagne à présenter des feuilles rouges. Il est entouré des fleurs de l’automne: verge d’or (goldenrod), plusieurs espèces d’asters (asters) et de la chicorée (chicory).Si nous nous enfoncions dans la forêt, nous trouverions les espèces qui tolèrent l’ombre, comme l’érable à sucre et le caryer cordiforme. Certaines des ces espèces ont déjà été ‘l’arbre de mardi”: le sureau (elder) et le frêne rouge (red ash), par exemple. Nous verrions également les fruits de certaines fleur de printemps comme l’Arisème petit-prêcheur (Swamp Jack-in-the-pulpit) et les trilles. Si je ne vous parle que très peu aujourd’hui de notre “arbre de mardi”, c’est qu’il serait préférable que vous le voyiez. car il est mieux que vous le voyiez. L’érable à sucre est peut-être bien connu au temps des sucres mais le reconnaîtriez-vous hors de la saison de l’entaillement!
Pour ma part, les érables dans mon parc, le Parc Drolet, m’ont longtemps laissée perplexe. Je croyais que les érables à sucre ne poussaient que dans les érablières en forêt. Pourtant, ce groupe d’érables d’à peu près 30 ans, avec l’écorce gris foncé qui s’écaillait, ne correspondaient pas aux descriptions des érables de Norvège ou des érables argentés, les érables les plus communs en ville. Finalement, après vérification auprès de notre horticultrice de l’arrondissement, Linda Génois, j’ai appris qu’il s’agissait des érables à sucre. (Et moi, je projette de les entailler ce printemps, mais ne le dites à personne!)
Alors, je vous convie à une visite guidée de notre érablière à caryer cordiforme où je vous présenterai à la reine, quand elle est jeune et quand elle est vieille; au roi qui joue à la cachette; et à plusieurs de leurs sujets ligneux (qui ont du bois) et herbacés (plantes sans bois). À samedi j’éspère!
Où: Memorial de Georges-Etienne Cartier, Parc du mont Royal
Quand: Le samedi 20 september, 10h – 12h30
Tarif: $12, gratuit pour enfants de 16 ans et moins
Inscription: bronwynchester@gmail.com, 514-284-7384