En passant devant ce terrain “vague” à quelques pas de l’Hôtel de ville ce matin, ce “trou” blotti aux abords de la rue de la Gauchetière que j’avais décrit sur ce blog le 28 novembre dernier alors qu’il était encore plein de débris de toutes sortes et qu’il semblait exister hors de la trame urbaine et hors du temps, il m’est venu un refrain: “Nous n’irons plus au bois… les débris sont enlevés… le p’tit trou que voilà … a été tranformé… entrez avec votre char, voyez c’que ça donne, sautez, dansez, stationnez où vous voulez”.
Et oui, le petit trou oublié du Quartier chinois a été rapatrié dans le giron du développement urbain, nettoyé, nivellé et transformé en stationnement – en attendant, fort probablement, qu’on y construise autre chose. Somme toute, ce petit trou n’avait rien d’exceptionnel… il ne s’agissait que d’un autre maillon incongru dans la trame décousue de ce quartier sans forme précise. Mais je ne peux m’empêcher de penser que la transformation de ce trou symbolise quelque chose de plus grand qui se trame insensiblement mais inexorablement dans ce coin de la ville… et je me demande, en voyant ces incongruités disparaître les unes après les autres, si les gens incongrus qui peuplent ce quartier chinois-latin-red-light-village disparaîtront, eux aussi, aplatis sous le poids des choses neuves et propres.
C’est que, voyez-vous, c’est dans cette plaine étrange qui s’étend de la Main au Pont Jacques-Cartier et de la rue Sherbrooke à l’autoroute Ville-Marie que se trouvent la grande majorité des maisons de chambre, foyers de sans-abris et autres refuges de toutes sortes qui abritent les gens de la “marge”, ceux qui nous donnent l’impression d’être un peu plus loin qu’eux du bord du précipice. Mais si on efface tous les petits trous qui subsistent “en marge” de la ville, que restera-t-il de ceux qui vivent au bord du précipice?
2 comments
C’est vrai que cette partie de la ville vit sous le poids des nouveaux développements… Le plan de Radio-Canada, la destruction et reconstruction de Griffintown, etc. Je ne crois toutefois pas que des changements majeurs apparaîtront avant encore quelques années. Le taux de vente et d’occupation des maisons et condos à Montréal est maintenant en baisse par rapport à 2007. Considérant que la plupart des nouveaux développements prennent la forme d’habitations, les gens vivant dans la marge devraient avoir droit à un léger sursis.
Pas faux cette image concernant notre proximité avec le “précipice”…
C’est drôle, ton article sur ce “trou” m’avait interpellé, car je me souvenais être passé devant aussi. Mais je ne l’ai pas revu depuis son “renouvellement de façade”.