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Canadian Urbanism Uncovered

Le mardi des arbres: Des tilleuils pour le président

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Cher M. le président,

Permettez-moi de vous offrir deux tilleuls d’Amérique en tant que cadeaux d’inauguration. Je suggère que vous les plantiez aux deux côtés de l’entrée principale de votre nouvelle maison. Pourquoi? Parce que, selon la tradition allemande du 16ième siècle qui était adoptée par les colons en Amérique du nord, ces deux arbres vont vous apporter de la bonne chance.

Mais, à vrai dire, ce n’est pas seulement pour cette raison.

Regardez le nombre de troncs qu’a ce tilleul (linden/basswood, Tilia americana). C’en est un que j’ai photographié au Parc La Fontaine, un parc majeur de ma ville, Montréal, qui est riche en arbres — au moins 50 espèces! Il est vieux ce tilleul. Tous ces 14 troncs ont poussé à partir de la vieille souche, celle-ci ayant été coupée je dirais à l’époque où ce terrain était la ferme Logan, de 1794 – 1845. William Logan, boulanger prospère de l’époque, l’a peut-être abattu pour sculpter un autel  pour son église où peut-être des bols pour sa femme.

Le bois du tilleul, comme vous voyez, dans cette photo ci-dessous, est blanc, mou et le grain et très égal. Alors, c’est le bois par excellence pour la sculpture, mais pauvre pour la construction et la combustion. D’ailleurs, si jamais vous visitez le Canada et que vous avez le temps, je vous amènerai au Musée de Zénon Alary, un monsieur d’un village laurentien, Mont Rolland (maintenant un arrondissement de Ste-Adèle). C’est plein de sculptures sur bois de tilleul de gens et d’animaux faites par le défunt M. Alary.

Pendant votre campagne électorale, en visitant des travailleurs du secteur automobile, vous êtes peut-être allé au Parc Bois-Blanc de la ville de Détroit. Les détroitiens le prononce Bob-Lo mais à l’origine ce nom français faisait référence au tilleul, nommé bois-blanc grâce à la couleur de son bois. Il paraît qu’il reste encore des tilleuls sur cet île.

Mais, ce n’est pas à cause de la couleur de son bois que je vous offre ces tilleuls.

Regardez bien cette photo. Voyez-vous un genre de fibre qui se détache de la branche brisée. J’étais émerveillée de la voir. Pourquoi? me demandez-vous. Parce que, M. le président, pour une première fois je vois la raison pour laquelle le tilleul porte le nom américain de basswood. Nous, anglophones du Canada, parlons du basswood ou linden et plus rarement de white-wood, quand on parle du Tilia americana. Mais basswood est de loin le nom le plus évocateur. Bass, qui vient de bast, est un mot du vieux norsk qui veut dire la fibre  du tilleul– comme dans le mot basket, panier.

Bien que le tilleul étaient valorisé — autant par les peuples autochtones d’Europe que d’ici — pour leurs feuilles printanières comestibles, leurs fleurs de juillet plein de nectar et de qualités médicinale, et leur belle et fiable forme en triangle, ces arbres étaient surtout valorisé pour leur bast, leur fibre.

Les peuples des premières nations, utilisaient cette fibre des jeunes branches pour faire leur filet pour la pêche, pour tisser des tapis et du tissu, pour faire des paniers, pour coudre leurs tipis. C’était leur coton avant que le mot coton existe et que les africains d’il y deux siècles viennent en esclaves sur ce continent pour cultiver cette autre source de fibre. Et les peuples des premières nations auraient montrer aux Européens comment traiter le tilleul d’Amérique pour accéder aux fibres qui restent sous l’écorce.

C’est surtout pour ce fait historique que je vous offre ces tilleuls, pour vous rappelez qu’avant l’arrivé des Européens, notre continent n’était pas vide. Il y avait plusieurs sociétés de peuples autochtones qui y avaient habité pendant des siècles et qui connaissaient ce terroir et comment y vivre bien, avec les plantes et les animaux, l’eau et la terre, le soleil et la glace.

Et si les Européens ont pu survivre, avancer, explorer et occuper de plus en plus de la terre nord-américaine, c’est en partie grâce à la générosité des premières nations. Car, sans leurs connaissances et la volonté de les partager, ces premiers européens seraient tous morts du froid, du scorbut ou de la faim.

M. Obama, dans votre investiture de cette semaine, il y avait toutes sortes de gestes et de paroles inclusifs à l’égard des maints peuples qui composent votre pays et notre continent. Mais, je n’ai pas entendu un seul mot, ni vu un seul symbole, de l’importance des premières nations au développement de votre pays. Alors, je vous offre ces deux tilleuls, si beaux, si généreux, si persistants qu’ils soient, en tant que symbôle de la première rencontre entre les étrangers et les indigènes et comment les connaissances furent partagées.

En plus, si vous acceptez ce cadeau, vous aurez une source constante de fleurs pour la tisanes au tilleul, si importante pour les moments de crise, car son effet — surtout sucré du miel de tilleul — est parmi les plus calmants. Voici, dans cette photo, un couple de tilleuls qui n’ont jamais  été émondés. Vous remarquerez comment l’écorce de plus jeune et beacoup plus clair que son ainé.

Ici, à Montréal où le tilleul européen à petites feuilles (small-leafed linden, Tilia cordata) est amplement planté par notre service des arbres, le taux de violence est moins élevé que dans bien des villes de votre pays. C’est peut-être l’effet calmant du parfum et de la forme du tilleul. Il est Zen, quoi! Alors, je vous laisse avec une idée: Engagez tout le monde licencié du secteur d’automobile à planter des tilleuls dans leurs villes pour que, tranquillement, se crée des emplois de sculpteurs, apiculteurs, herboristes ou arboristes de la forêt urbaine.

C’est comme vous dites: “Nous agirons non seulement pour créer de nouveaux emplois, mais pour jeter les fondations d’une nouvelle croissance.”

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3 comments

  1. Merci Bronwyn pour ce texte. La partie sur les autochtones m’as touché. Tu l’as exprimé avec délicatesse comme à l’image de cet arbre féminin qu’est le tilleul. Je reviens de la montagne où dans le désert du silence blanc j’ai aperçu des graines de tilleul attaché à leur languette traînant sur la neige. J’ai observé autour afin de trouver la génitrice. J’ai poursuivi ma marche et 2 et 3 et encore plus de graines. En levant la tête, un tilleul me faisait un tendre sourire. J’ai alors compris une des stratégies de reproduction de cet arbre qu’il vienne d’Europe où d’ici. Roule et Roule sur le blanc tapis. Répands-toi ainsi toi qui aime les abords de rivières et continue de nous délecter de ta beauté et de ton parfum. Et que le président y trouve une autre source de sagesse !!! Cordialement Charles.

  2. Bonjour Bronwyn, Tu as toujours des faits et des anecdotes fascinantes à raconter au sujet des arbres! J’apprécie tellement ton apport à notre communauté. Au sujet des tilleuils, c’est un arbre important pour moi. Petite, mon père en avait planté deux devant notre bungalow du West Island. Je les trouvais merveilleux! J’ai renoué connaissance avec les tilleuils, il y a quelques années, au parc Laurier, à la floraison des arbres. Le parfum était divin!!! L’expérience fut si marquante que, peu après, j’ai acheté de l’eau de toilette de tilleuil pour perpétué ce moment…

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