Si le pin sylvestre de la semaine dernière est un individualiste, un dur, un prêt-à-tout, la pruche est son opposé parfait. Regardez-la: délicate, pudique — ses feuilles cachent bien ses troncs — et souple, les bouts de ses branches détendus, courbants vers le sol.
Mais, ce n’est pas seulement son physique qui est souple. La pruche (hemlock, Tsuga canadensis) est souple dans sa manière de pousser. Elle est la plus tolérante aux espaces ombragés de tous les conifères de l’Amérique du Nord. La pruche se tient bien soit sous les érables à sucre, dans le sud-ouest du Québec, soit sous les bouleaux jaunes, au nord et à l’est de Montréal. La forêt de la Fiducie foncière de la Vallée Ruiter, une forêt protégée pas loin de Sutton, par exemple est plein de pruche. Le Mont St-Hilaire aussi.
Dans la forêt Montréal, par contre, il n’y a pas beaucoup de pruche. La pruche de la photographie ci-haut se trouve au début du sentier Duluth du parc du Mont-Royal, derrière le Quartier général des incendies. Elle fait partie d’un petit groupe qui a été planté il y a environ 10 ans. Normalement, cet arbre pousserait sur la montagne mais les sous-bois sont peut-être trop perturbés pour que les jeunes arbres s’y établissent.
C’est à la forêt de Senneville, complètement à l’ouest de l’île, que nous trouvons la prucheraie la plus importante de l’île. Je n’y suis jamais allée mais cette photo ci-bas, de cet écoterritoire de Montréal, vous donne une idée de la luminosité d’un prucheraie. Ça doit être superbe au printemps avec les fleurs printanières de l’érablière (trilles, sanguinaires du Canada, etc.)
Malgré ses airs un peu passifs ou soumis, la pruche est un personnage qui change beaucoup avec l’âge — et, elle peut vivre jusqu’à 600 ans! Elle commence tranquillement, à l’ombre des grands mais dès qu’il y a une ouverture dans la canopé, elle peut vite grandir jusqu’à 30 mètre de hauteur et un mètre de diamètre. Pendant le 19ième siècle, les grandes pruches, comme les grands pins blancs, étaient valorisées pour la construction. En plus, l’écorce de la pruche était une source importante de tannin pour les tanneries. Ça explique, en partie, la rareté des pruches aujourd’hui, en général, et les grandes, en particulier.
Pour faciliter l’identification de la pruche en forêt ou en jardin, je vous laisse avec l’ image ci-haut à droite du site bioimages. Vous remarquerez les aiguilles, qui sont les plus courtes et les moins aigues de tous les membres de la famille des Pinacaée (pins, mélèze, thuja, épinette, sapin), et ses cocottes qui sont les plus petites!
Avec des aiguilles vert-tendres, légères comme les plumes et des cocottes si délicates, on comprend pourquoi la pruche est un arbre ornemental très bien coté parmi tous les conifères. Du point de vue d’autres animaux de la forêt, la pruche est appréciée pour la nourriture et l’abri qu’elle fournit. Les cerfs de Virginie, par exemple, mangent les jeunes pousses et cherchent l’abri dans les prucheraie.
2 comments
Elle est jolie cette petite pruche entourée de neige.La pruche est parmi mes arbres favoris.J’aime son écorce parvenu à maturité. C’est à St-Hippolyte dans les laurentides que j’ai vécu cet éveil il y a quelques années. La canicule était si pesante que nous n’avions qu’à giser là comme de gros mammifères assis sur la galerie. C’est ainsi que l’indicible beauté de cet arbre a miroité dans mon regard. Faut dire que la ciel était d’un bleu Éternel!!! Encore une fois merci de nous faire connaître un peu plus ces amis les arbres! Les photos sont très belles et le texte agréable. Charles.
Merci pour ce joli texte et cette photo rafraîchissante! La pruche m’as révélé le secret de sa beauté un jour de canicule alors que je gisait sous son ombre tel un gros mammifère. Faut dire que ce jour là, le ciel était d’un bleu éternel. Depuis cet éveil je ne vois plus cet arbre du même oeil! Charles