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Canadian Urbanism Uncovered

Montage du jour : D’une oeuvre de charité à une place publique

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1962-2009

***Version originale d’un article publié dans le journal Le Devoir le 31 août 2009***

Désormais occupé par la place Émilie-Gamelin, le terrain situé à l’intersection des rues Berri et Sainte-Catherine Est aura changé de fonction à trois reprises au cours des cinquante dernières années. En effet, l’endroit aura d’abord abrité un édifice conventuel, puis un terrain de stationnement municipal avant de devenir l’aire de détente que nous connaissons aujourd’hui.

C’est sur un terrain de 56 000 pieds carré acquis le 6 novembre 1841 pour la somme de 1 200 louis que fut érigé à partir de l’année suivante l’asile de la providence.

L’institution fondée par les Sœurs de la Providence servait alors à venir en aide aux malades, aux vieillards et aux sans-abris.  C’est d’ailleurs en ces lieux que fut fondée l’Oeuvre de la soupe, une œuvre charitable qui distribua pendant près de 120 ans pas moins de 500 bols de soupe par jours aux nécessiteux.

La chapelle de l’immeuble, oeuvre de l’architecte et arpenteur John Ostell à qui l’on doit notamment la réalisation des tours de la basilique Notre-Dame et du grand séminaire de la rue Sherbrooke, servit également de cathédrale à la ville de 1852 à 1855 suite à la destruction par un incendie de la cathédrale précédente.
Toujours désireuses d’aider leurs prochains, les religieuses cédèrent également en 1911 un local à l’institut Bruchési, une œuvre offrant des soins contre la tuberculose.

N’ayant plus la quiétude d’autrefois dans ce lieu désormais situé en plein cœur d’une zone commerciale, les sœurs de la Providence déménagèrent en 1962 dans leur maison mère nouvellement construite à Cartierville.
Alors que l’on prévoyait d’abord construire sur le site un gratte-ciel ciel de 26 étages, le terrain appartenant aux sœurs de la providence et contenant  également le lot situé à l’intersection nord ouest des rues Maisonneuve et Berri sera par conséquent acheté par la ville de Montréal au coût de 4,2 millions de dollars en 1963 afin de permettre la construction du metro.

Les travaux de démolition du vieil édifice ayant commencé à la fin de l’automne 1963 se verront toutefois accélérer de façon inattendue dans la soirée du 16 décembre de cette même année puisque celui-ci sera ravagé par un incendie nécessitant 3 alertes.

Transformé par la suite en une aire de stationnement qui ne devait être que provisoire, le terrain qui sera toujours vacant en 1984 sera alors considéré comme étant le site idéal pour accueillir  la salle de concert de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Cette histoire similaire à celle du CHUM et hautement médiatisée connaîtra toutefois son dénouement à la fin des années 1980 lorsque la décision sera prise d’ériger la salle de concert aux côtés de la Place des arts et de transformer le site, vacant depuis près de 30 ans, en une place publique.

Devant au départ être dotée d’une patinoire l’hiver et d’un café terrasse l’été, le square Berri aménagé en 1992 et qui sera rebaptisé la place Émilie Gamelin en 1995 en l’honneur de la fondatrice des sœurs de la Providence, ne deviendra toutefois jamais le lieu de prestige escompté.

Utilisé à peine quelques fois par années lors de diverses festivités, le site est aujourd’hui majoritairement occupé par des sans abris dont l’aspect miséreux nous démontre bien à quel point l’époque où une œuvre de charité œuvrant en ces lieux est malheureusement bien loin derrière.

Source de la photo : Denis Desjardins

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