Liane Morin est une étudiante à la maitrise en urbanisme à l’Université de Montréal.
La signalisation routière fait partie de notre quotidien, que nous soyons automobiliste, piéton ou adepte du vélo. Avec les différents panneaux, feux de circulations et indications au sol, nous devrions logiquement améliorer la cohabitation des différents modes de déplacement. Or, les utilisateurs des transports actifs, souvent considérés comme des délinquants de la route, semblent vouloir faire perdurer des habitudes de transgression de la règlementation. Ces gens sont-ils tous inconscient des dangers de la route ou savent-ils mieux se servir de leur raisonnement? Et si les automobilistes faisaient de même, pourrions-nous survivre à une journée en ville?
À mon avis, en ce qui concerne la sécurité routière automobile, nous nous sommes collectivement tournés vers le consensus de la règlementation, parfois au détriment du raisonnement. Nos habitudes de conducteur nord-américain amenuisent notre compréhension de la route. Le raisonnement rangé dans le coffre à gant, la rencontre de quatre voies de circulation majeures est synonyme de signalisation (feu de circulation ou arrêt obligatoire) non pas d’une intersection proprement dite. La réflexion se fait en voie clause. Le feu est rouge, j’attends, il est vert j’avance, il est jaune… j’accélère! La réflexion quant aux autres utilisateurs de la route est mince. C’est pourquoi le virage à droite devient parfois hasardeux lorsque plusieurs modes de déplacement se croisent. Il est quotidien de voir le deuxième automobiliste en ligne pour tourné à droite klaxonner le premier qui n’avance pas à une lumière verte pour en fait laisser passer les piétons. Pas que le deuxième, s’il avait été premier, les aurait écrasé, mais plutôt parce qu’il ne les voit pas. Tout ce qu’il constate c’est que la lumière est verte et que ça n’avance pas. Autrement dit, la signalisation, en plus de ne pas être toujours garante de sécurité routière, accentue les frictions entres les utilisateurs des différents modes de transport.
Mais est-ce possible de gérer la circulation sans signalisation me direz-vous?
La question est pertinente et d’autres se la sont posé dont Hans Monderman, urbaniste néerlandais précurseur en la matière. Il donna naissance au concept de « shared street » et plus tard de « naked street ». Ce dernier consiste à minimiser la signalisation pour encourager tous et chacun à tenir compte de l’autre sur la route. À une intersection sans signalisation, le pari a été fait que les utilisateurs de la voie publique ralentiraient, la prudence étant de mise. L’exemple le plus mobilisé est la transformation d’intersections traditionnelles en rond point multi-usages sans signalisation.
Dans d’autres cas, seul le renouvellement du design de la rue remplacera la signalisation. L’objectif est atteint; L’expérience de la ville de Drachten aux Pays-Bas le démontre: Les automobilistes lèvent le pied, tous tiennent compte des autres utilisateurs de la voie publique et les accidents diminuent.
Évidemment, considérant la diversité des types d’intersections, elles ne peuvent être toute soumises au même type de dénudement. Néanmoins, je crois que l’apparition de quelques unes d’entre elles, dans un effort de réflexion et de relecture de la rue, pourrait modifier notre façon de percevoir le partage de la chaussé. Si l’harmonie des modes de déplacements sur le bitume montréalais semble être utopique, rien n’empêche de poser des gestes forts démontrant notre volonté d’apaiser les frictions.
5 comments
I have been in Drachten (I’m Dutch) and it’s a very sleepy small town in the Netherlands. This experiment is fine in Holland where drivers are properly trained and actually look around for pedestrians and bikes in blind spots. I had to take a class and pass a driving test on my bike at age 8, and almost everybody I know took two or three tries to pass the car driving test when older. It’s hard and they want you to be perfect.
Here such a roundabout wouldn’t fly I’m afraid. People don’t know how to use roundabouts (partly because there is no “right of way for traffic from the right” rule in North-America) and they wouid be totally lost.
One reason is because Montreal is a big city, and another reason is that Quebec drivers are not very polite towards other users of the road. Not necessary out of malice, but they aren’t used to it (half of the year there aren’t many bikes) and don’t even know the rules of the road. Ever tried to cross a cross walk? Nobody stops.
@Mare. You’ll notice more and more municipalities are constructing roundabouts. Think of Nun’s Island, or Bromont in the Easten Townships (perhaps others) : they have european-style roundabouts (with yield signage) and seem to work fine.
I was out west recently and both Whitehorse and Vancouver have roundabouts.
@Adrien – I almost die each time I cross any of the roundabouts on Nun’s Island by bike. Driver’s just don’t know how to act when driving in round, their first thought is LET ME OUT!!
Bonjour Liane, j’ai moi aussi découvert le concept de la “route nue” l’an dernier, et j’en ai fait un billet sur mon blogue, le Code de la rue :
http://codedelarue.wordpress.com/2009/07/22/la-route-nue-une-autre-approche