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Canadian Urbanism Uncovered

Est ce que Montréal a peur du noir?

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Photo cc Asaf A Ali http://www.flickr.com/photos/asifali1985/

Le crépuscule tombe sur Montréal: le ciel perd son teint bleu et prend une lueur orangée. Les nuages sont des taches claires sur un fond sombre et deux ou trois étoiles scintillent faiblement, ou peut-être que ce ne sont que des satellites.

Les télés s’allument, les réseaux cellulaire bourdonnent: Rendez-vous sur la terrasse? Sortie au club? Les restaurants, bars et discothèques se font concurrence avec leurs néons toujours plus tape-à-l’œil; les clients y sont attirés comme des papillons de nuit.

Du sommet du Mont Royal, la croix conseil silencieusement de résister aux tentations. Quand elle a été construite en 1924, on se vantait qu’elle serait visible à 80 km de la ville. Mais aujourd’hui les tours à bureaux ont chacune levé leur propre idole illuminée. La ligne de toits est décorée d’une constellation de logos familiers par lesquels nous, habitants de la ville, avons appris à naviguer. Sans oublier qu’à son apogée, le phare de la Place Ville Marie balaye l’horizon comme une veilleuse géante.

Avec tout ça, il faut se demander: est-ce que les Montréalais ont peur du noir?

J’ai recemment rencontré un éducateur du planétarium de Montréal qui m’a allumé aux enjeux de la pollution lumineuse. Pour lui, la perte de la vision des étoiles représente une perte du patrimoine mondial et limite nos connaissances scientifiques sur l’Univers. Dans le cadre d’un cours en éducation relative à l’environnement, nous avons monté Halo la nuit, un dossier sur l’enjeu.

Les récentes recherches montrent que l’impact de la pollution lumineuse dépasse de loin l’observation des étoiles…la lumière excessive peut nuire à notre santé, notre sécurité, notre bien-être, et ceux des autres espèces.  Pire encore, cette pollution nous la payons cher – pensez à l’énergie et l’argent qui sont gaspillées à tous les soirs par les lumières pointées inutilement vers le ciel!

Suite à la pression de plusieurs groupes locaux, le plan d’urbanisme de la Ville de Montréal a intégré l’action 11.7 qui traite de la “mise en valeur du paysage nocturne“.

Mais il existe une tension intéressante entre les nuisances et la valeur de l’éclairage nocturne. Par exemple, les créateurs du Plan de lumières du Vieux Port écrivent:

« Dans une ville de la nordicité où la nuit noire nous oppresse de septembre à avril, le recours à l’éclairage urbain, substitution de la dynamique vitale, est un acte de civilisation, une mesure de la démocratisation de l’espace. Pour s’approprier la ville, le citadin a besoin qu’on la lui offre jour après jour, nuit après nuit pour que sa présence lui devienne à la fois familière et étonnante par le jeu de ses silhouettes changeantes, évolutives. » (Plan de lumières du Vieux Port)

Malgré que la surconsommation de lumière puisse contribuer à plusieurs problématiques environnementales, nous savons qu’une des meilleures façons d’amener les citoyens à préserver leur environnement local est de les aider à développer un sentiment d’appartenance à leur milieu de vie. C’est en plein ça que la ville tente de faire avec son éclairage décoratif! Paradoxe intéressante…

La noirceur et le ciel étoilé font partie de l’expérience collective humaine depuis la nuit des temps. Mais de nos jours, les montréalais défendent leurs néons. Le ciel étoilé est peut-être une ancien patrimoine partagé par toute l’humanité mais d’autres types de patrimoine beaucoup plus immédiats allument aussi nos passions.  Ces points de repère partagés contribuent à définir l’expérience Montréalaise.

Est-ce que les montréalais ont besoin de lumière – même de lumière excessive – pour apprécier et aimer leur milieu de vie?

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4 comments

  1. It was considered really, ahem, enlightened when the city illuminated its back alleys, in the 1980s and 1990s. I’m not so sure, because where I live you can’t be outside either the front or back door without being under a fairly powerful artificial light.

  2. si la lumière te dérange t’as juste à louer un appartement au plateau avec une chambre à coucher sans fenêtre. il y en a en masse…

  3. Rob, t’as manqué le point. La lumière ne me dérange pas – pas plus que la pollution de la rivière me dérange personellement de façon quotidienne. Mais elle a des effets secondaires – par exemple la perturbation des routes migratoires des oiseaux. En plus – pour ceux qui sont passioné par l’astronomiie – les étoiles sont pas plus visibles dans une chambre sans fenêtres!

  4. Another reason is Quebec’s overly low energy prices – if the cost of energy goes up, less office buildings and clubs will waste it.

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