Collaboration spéciale: Victor Locuratolo a une formation en architecture/urbanisme. Après avoir exercé à Montréal et en France dans ce domaine pendant quelques années, il s’est consacré à un travail plus artistique, mélant une sensibilité affichée pour l’esthétique urbaine à une démarche plus proche de la bande dessinée ou de l’illustration satirique. http://sansdessein.canalblog.com/
Quelle peut bien être la proportion de l’espace urbain dédiée à la circulation automobile ?
La première fiction (ci-haut) tente un scénario en milieu urbain. C’est une rue typique de la trame montréalaise, du Plateau, de la Petite Patrie ou du Mile End. Les espaces de la rue dédiés aux stationnements sont supprimés, la circulation automobile est réduite à une simple voie. On peut imaginer la présence de quelques stationnements communauto, mais ce scenario implique le renoncement à la voiture personnelle.
L’aménagement d’un maillage de lignes de tramway sur les artères principales permet d’assurer l’essentiel du transport, aussi bien des passagers que des marchandises. L’espace laissé libre dans les rues résidentielles permet l’aménagement systématique de pistes cyclables ainsi que d’une bande d’espaces semi publics. Celle-ci alterne des terrains pour la permaculture, des parcs, des terrains de jeu ou des petites places publiques. On peut imaginer que ces espaces fonctionnent à la manière des coopératives d’habitation, favorisant la population à s’impliquer dans l’entretien de la rue.
L’illustration fait aussi allusion au développement des toitures vertes qui se substitue aux toitures goudronnées, et le recyclage possible (ou partiel) des lieux de cultes en lieux publics. Un tel scenario prévoit qu’une partie de la population urbaine se consacre de nouveau au travail agricole en réduisant ainsi la dépendance alimentaire de la ville.
Dans la seconde fiction, il s’agit de la reconversion d’un échangeur autoroutier de banlieue. La structure est conservée et le cœur de l’échangeur devient logiquement une gare de voyageurs permettant les correspondances entre les deux grandes directions formées par les voies ferrées remplaçant désormais les autoroutes. Un habitat densifié vient se nicher dans les boucles de l’échangeur, incorporant espaces verts et points d’eau. La structure de l’ancienne autoroute est utilisée comme socle pour les nouveaux bâtiments, faisant cohabiter logements, ateliers, bureaux, marchés, écoles, ou lieux culturels. Les lotissements pavillonnaires ont disparu, remplacés par des champs de cultures et des fermes agricoles.
La proposition vise à abandonner la logique de la ville éclatée au profit d’une ville plus compacte, rassemblant toutes les activités de la vie quotidienne en un même lieu, limitant de la sorte les déplacements fastidieux tout en réinstaurant l’esthétique du parcours, de la continuité urbaine et bien entendu de la collectivité.