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Canadian Urbanism Uncovered

Réimaginons la rue St-Viateur, part 1 : Observations

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Boulangerie sur rue St-Viateur
Le citoyen est le peintre de la vie urbaine et la rue est sa toile. Contrairement à d’autres quartiers de Montréal, le Mile-End ne se dessine pas par touches lourdes d’urbanistes-fonctionnaires. En effet, les aménagements subtils de ce quartier demeurent des exemples d’un bon urbanisme qui permet d’adapter l’habitat urbain aux besoins d’êtres humains.

La rue Bernard a été réaménagée — 2009 a marqué la fin de travaux de plusieurs années, dont l’augmentation de l’espace piétonnier, la plantation d’arbres, et la diminution de la largeur de voie. Bien que ces aménagements soient un succès, ils risquent d’être trop subtils. Peut-être la Ville devrait-elle concevoir un projet qui convient à une métropole. Voir grand, faire grand : si la Ville de New York pouvait transformer un de ses axes principaux à une véritable oasis piétonnière, nous pouvons faire de même à Montréal.

Que faut-il donc faire ?

Questionner, analyser, et comprendre la rue. De quels atouts dispose-t-elle ? De quels problèmes souffre-t-elle ? J’ai décidé, avec mes collègues multinationaux, de poser ces questions pour la rue St-Viateur entre avenue du Parc et boulevard St-Laurent. Ce secteur est considéré comme le cœur du quartier, avec ses cafés sympathiques, ses magasins branchés, et ses accueils artistiques. Les réaménagements de cette rue s’avéraient plus subtils que ceux de la rue Bernard ; les curb extensions ne sont marquées que par quelques lignes de peinture. Le tronçon à l’est du boulevard St-Laurent fait partie d’un projet de requalification. Quelques associations favorisent un Mile-End sans voitures. La Ville, aurait-elle pu en faire davantage ?

Pour cette série de billets, je vous proposerai 3 options pour la rue ; 3 options basées sur nos observations générales et nos interactions sociales avec les citoyens du quartier.

Que pensent-ils, les citoyens, de leur rue ?

La forme d’un être Mile-Endois varie – le résident, le visiteur, le travailleur. Bien qu’ils énoncent des opinions différentes, un certain consensus s’établit : ils aiment la rue St-Viateur. Ils apprécient son ambiance plaisante, ses commerces à proximité, et ses gens sympathiques.

Voici leurs opinions sur leur rue :

Sometimes people have to sit
Homme, de plus de 60 ans, résidant :

  • Il vient quotidiennement sur St-Viateur à pied pour se promener et pour faire des courses. Il ne trouve pas qu’il y a trop de voitures, mais il regrette le manque de stationnement. Selon lui, la rue n’a pas de problèmes particuliers et il n’y a pas d’améliorations à faire ; elle est parfaite.

Femme, de moins de 30 ans, résidante :

  • Elle vient hebdomadairement sur la rue, à pied, à vélo, ou « une fois sur quinze » en voiture, pour manger et pour magasiner. Elle apprécie énormément l’Église Saint-Michel, les petites boutiques, et les bons restaurants. L’ambiance joue un rôle primordial : « Il faut la protéger. Ne toucher à rien qui modifiera l’âme de cette rue, dont l’automobile qui semble en faire partie », prononce-t-elle. L’absence de supports à vélo, de bancs, et de verdure constitue un handicap majeur.

Homme, la trentaine, visiteur :

  • Malgré qu’il habite à Toronto, il vient à Montréal chaque mois où il fréquente d’habitude la rue St-Viateur pour rendre visite à ses amis et pour acheter des bagels. Il se promène toujours à pied. Il aime les magasins et les cafés à l’esprit indépendant. Il ne changerait rien, mais il ajouterait des bancs.

Femme, la trentaine, visiteur :

  • Elle vient tous les 15 jours pour manger et pour magasiner. Elle privilégie la marche ainsi que le vélo. Née dans le Mile-End, elle remarque les nombreux changements qui ont transformé le quartier depuis plus d’une décennie. Cependant, elle n’est pas nostalgique de l’ancien temps. Les cafés, les commerces indépendants, la touche « culturelle alternative » — tout cela participe du sentiment d’appartenir à une petite communauté paroissiale : « Je rencontre les gens, on se connaît, ça fait village », affirme-t-elle. « Je me rends sur la rue les dimanches matin ; elle est devenue mon église. » Le seul problème de la rue : le manque de bancs et de stationnement pour les vélos.

Femme, la trentaine, résidante :

  • Elle fréquente la rue quotidiennement et se promène en vélo. Tout ce dont elle a besoin se trouve sur cette rue : ses cafés, ses magasins, ses amis. Elle pense que la sécurité commence à se dégrader, car il y avait plusieurs cambriolages et du vandalisme. Les voitures ne la dérangent pas : « Quand on vit en ville, il faut les accepter », accepte-t-elle presque à contrecœur. Quant aux bancs, elle ne les utiliserait pas parce qu’ils attirent les pervers ; elle en a déjà vu sur les bancs sur avenue du Parc. Selon elle, il est plus convivial de s’asseoir aux bords du trottoir, sur les perrons, et sur les escaliers de l’église.

Il ne faut toutefois pas oublier le rôle des commerçants, ceux qui contribuent à l’animation socio-culturelle de la rue. Que pensent-ils de leur artère commerciale ?

Bijouterie et accessoires artisanaux :

  • Les commerces tirent un avantage de l’ambiance de la rue. Le parc à autos est plutôt gênant, car la plupart des clients viennent à pied. Ils seraient favorables à une transformation de la rue à un sens unique. Selon eux, ils ne constatent aucun problème majeur sur la rue St-Viateur.

Papeterie haut de gamme :

  • Indubitablement, l’environnement urbain aide le commerce. Le manque de parking ne pose pas un problème en soi, car la majorité de ses clients viennent du quartier. Elle salue l’initiative récente des nombreux stops ; cela a fait vraiment baisser la vitesse de circulation. En plus, cela fait en sorte que les voitures s’arrêtent devant sa vitrine ! Quand on lui parle de changements éventuels à la rue, elle semble frileuse à l’idée d’une attention trop visible : « On n’est pas sur [les avenues] Duluth ou Laurier ! » Il ne faut pas favoriser la gentrification comme sur le Plateau. Évidemment, certains côtés de la « nonchalance de la rue » l’agacent. Il s’agit souvent de détails assez énervants, comme le choix irrationnel de placer des poubelles trop proches des supports à vélo, ou encore de remplacer un bac à fleurs estival en gros plot en béton.

Fleuriste :

  • Avec une ambiance très conviviale, la rue St-Viateur lui plaît. Le stationnement automobile est indispensable, car une partie de la clientèle vient en voiture. Le manque de place provoque le chaos avec les voitures qui se garent en double file. Le fait de créer un seul sens de circulation serait bien accueilli si cela permettait de réduire le nombre de voitures.

Boulangerie / Charcuterie :

  • Le stationnement soulève des problèmes ; la gérante et ses employés n’habitent pas dans le quartier. Il est difficile de trouver du stationnement près du magasin, car la plupart des espaces sont réservés aux habitants du quartier. Sa clientèle est composée d’une mixité de citoyens, dont des cyclistes, des automobilistes, et des piétons. Elle ne serait pas favorable à une rue sens unique, du fait qu’un tel scénario peut apporter plus des voitures.

Librairie :

  • Malgré ses commerçants et son achalandage intéressants, la gérante pense que sa libraire perd des clients à cause de la situation du stationnement dans le quartier. Il faut, selon elle, une mixité de cyclistes et de voitures. La Ville a beaucoup promu le vélo, certes, mais il faut aussi aider les automobilistes. Elle serait tout à fait contre l’enlèvement du stationnement. Hormis le stationnement, le problème majeur actuel de la rue demeure sa propreté. Il n’y a pas assez des poubelles — souvent, les employés de la zone industrielle St-Viateur Est fréquentent la rue durant leurs pauses de midi, s’assoient sur les escaliers et les perrons, et laissent leurs déchets par terre.

Les supports à vélo sur la rue St-Viateur
D’après les témoignages des citoyens du Mile-End et malgré la lacune de certains aménagements (les bancs et les supports à vélo, entre autres), on peut constater que l’ensemble d’interactions commerciales et sociales contribue à créer une rue très conviviale et une ambiance très recherchée. C’est la population qui fait la rue ― Ils l’aiment et donc il ne faut pas bouleverser ses équilibres actuels. Comment peut-on donc améliorer la rue sans atténuer le caractère qui la distingue ? Dans les prochaines semaines qui viennent, je vous proposerai 3 scénarios de réaménagement : le touch-up, le féru de vélo, et la mixité.

remerciements : Mathilde Comment, Sachie Ohta, et Alexandre Sirvain pour les recherches

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10 comments

  1. I would like to see more trees, perhaps eliminating one lane of parking and extending both sidewalks there would be space for bancs/tables/chairs/whatever…
    bike racks are a MUST! …an urgent must considering all the cyclists are awakening from their winter hibernation…

    so many things…though i agree that St. V..right now, is “perfect”

    ps. nice picture…my bike’s in it!

  2. Je ne vois pas rien de nouveaux sous le soleil. Plus de place pour les cyclistes et piétons et garder des places de stationnements pour les commerçants. Donc, quoi faire? Quelle optique prendre?!

    Malheureusement, comme on trouve souvent sur ce blogue, on ne discute jamais avec les urbanistes et fonctionnaires pour savoir ce qu’ils pensent. On a plus tendance à les critiques et les pointer du doigt comme des gens qui n’ont rien compris. Car lorsque nous discutons avec eux, ils partent beaucoup les mêmes options que ceux des citoyens – plus de place au piéton-cycliste et moins d’auto.

    Les solutions idéalistes doivent être mise en place dans la vraie vie. Confronter aux vrais problèmes; le déneigement ou l’accèssibilité nécessaire et rapide pour les pompiers et ambulanciers. Les stratégies subtiles sont à la base les solutions idéalistes des urbanistes sont ajustées pour répondre à la vraie vie et la réalité de la vie sur la rue qui est bien plus les commerçants, les piétons.

    Désolé de péter la balloune, mais je sens que cette série sera unidirectionnelle et me semble biasée d’avancer!

  3. Comme habitant de New York, je dois dire que la ‘transformation de l’axe principal’ qu’ils on fait ici ne peut-être presque pas plus différent de la rue St-Viateur. Times Square est un des éspaces les plus utilisés au monde. La ville a fait le réamènagement vers un ‘oasis piétonnière’ parce que des milliers de piétons débordaient des trottoirs, autant le soir que le jour. On ne voit jamais une telle situation sur St-Viateur hors la journée de St-Jean.

  4. i thoroughly disagree that st-viateur ouest is perfect. it is great, and i love it, but things could (and should) be improved. the biggest being that, yes, cars take up too much space.

    given the amount of foot and bike traffic in the area, the balance is totally out of whack. i think we definitely need a re-think.

    je devrais mentionner aussi qu’il y aura un café citoyen au café cagibi le 22 mars (19h-21h) sur ce même sujet.

    alors, venez avec vos idées pour en partager / discuter avec vos voisins.

    http://imaginemileend.com/

    @ m_architect : between spacing montreal and listening to the ideas that usually come from our urban planners and “experts”, i think this blog wins hands-down. more cross-over should happen, but our experts are letting us down currently.

  5. If it ain’t broke, don’t fix it –

    Call me a cynic, but I don’t trust this city to do any neighbourhood improvements in a timely or even considerate manner.

    Look at how the “improvements” to the Main ruined business for 2 years; the area still hasn’t fully recovered from the endless construction and even when it does the character of the area will be changed as the whole strip is slowly gentrifying northward anyways…

    How well do you think all those small businesses on Saint-Viateur would do with a couple of years’ worth of construction?

    I’d rather see that strip between Park and Saint Laurent be left alone – it’s arguably the most vibrant and diverse strip in all of Montreal, do we really want to risk destroying it in order to “improve” it?

  6. @ greynotgrey : who said there needs to be a whole bunch of construction? improvements certainly don’t have to be in line with what was done on bernard.

    if part of the problem is the presence of cars, a temporary project could involve removing a lane (between waverly and de l’esplanade, for example) and creating a mini-plaza on one half of the road.

    this could be done as in new york or san francisco with planters and some informal benches (used from left over granite blocks, or benches from their warehouses).

    the idea would be to see who this improved or detracted from the vibrancy of the neighbourhood, and how it affects traffic.

    that’s one idea. there are many others. i don’t think construction needs to be involved.

  7. exactly marke, i dont know the “politics” of how the city can be convinced to do so….
    but it would be great, a 2-3-4 week trial period of removing 1 lane of cars (eventually 2 … 3??) and see if it works out for pedestrians/commerce/cyclists/motorists…

    what can we do?

  8. Disappointed to see that the owner of the bookshop is such a frigging car addict. It is easily accessible via public transport for non-cyclists and people too far to walk. This doesn’t make me want to shop there very much; pity, I’ve often bought books there.

    Architect, I’m just back from Amsterdam. They definitely have access for motor vehicles such as ambulances and fire engines. I suspect your plea is just a sneaky socially-acceptable way of advocating more access for private cars.

    Nothing subtle about how they are destroying the planet.

  9. Bonjour, content de votre initiative. Bien que de façon générale je suis pour un changement qui va vers la piétonisation, mais je dis ici attention ! Il y a des étapes à suivre et surtout nous nous devons poser les questions sur les impacts. J’habite depuis plus de 20 ans à moins de 100 m de St-Viateur, et la gentrification du quartier et la popularité de son côté “bohème” peut avoir des conséquences à moyen terme. Par exemple une poussée de popularité qui amènerait davantage de visiteurs à un tel niveau que les résidants ne s’y retrouvent plus comme chez eux. Je crois que le caractère “village” de la rue existe d’abord et avant tout grâce au mariage commerçant+résidants… cette ambiance ainsi créée attire par la suite les visiteurs (et non l’inverse)… je suis perplexe à l’idée d’une piétonisation de cette rue, pas pour les impacts sur les automobilistes mais plutôt sur la réelle amélioration de la qualité de vie pour les résidants (quant aux commerces dépendant de quel type on parle on a vu sur Ste-Catherine ou ailleurs des bienfaits quant à leur chiffre d’affaire). Est-ce la meilleure rue à piétoniser ? Je peux me laisser convaincre avec de bons arguments, mais ma crainte que cette rue devienne plus une rue touristique à la Prince-Arthur et qu’elle perde son ambiance de village pour les résidants me freine mon ardeur. Il faut poursuivre davantage la réflexion, tout en agissant pour améliorer la place et la sécurité pour les piétons et les cyclistes… Je pense qu’il faut agir sur plusieurs rues qui peuvent devenir de mini centres de village sur le plateau au même titre que ST-Viateur… Certaines rues mieux apaisées (ex:des zones de rencontres à 20Km pour les voitures?) pourraient trouver l’effet que plusieurs viennent chercher sur St-Viateur.

    Merci !

    Richard Ryan
    Conseiller municipal
    Mile End

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