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Canadian Urbanism Uncovered

Le gros mur noir

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Le gros mur noir (circa 11-2007) reçoit aussi le “Publi-Sac”…

On marche souvent sans porter une attention particulière aux détails des rues. Et malgré que le gros mur noir ne soit pas un détail bien subtil, ça m’a prit quand même quelque temps avant de réaliser sa présence. Comme ça faisait déjà presque 2 mois que j’habitais cette rue strictement résidentielle (dont je ne dévoile pas le nom pour faire plaisir aux explorateurs amateurs) et que je passais tous les jours, matin et soir, devant cette adresse, j’ai tout de suite imaginé son apparition comme étant immédiate (et bon, aussi que notre sens de l’observation est peut-être un peu faible lors de la navette quotidienne). Dans cette euphorie de la découverte, j’ai cru que le mur avait été construit en cachette, hors site, et installé là durant la nuit dans un genre d’opération clandestine style moonshine.

Je me suis donc mis à penser aux raisons du gros mur noir (derrière le gros mur noir?) en m’appuyant sur les quelques détails observables depuis la rue. Voir photographie ci-haut. Une adresse civique. Une fente à lettres. Une porte cochère coulissante munie d’un vantail pour faciliter le passage des piétons. Des feuilles mortes (pas souvent ramassées). La couronne d’un bâtiment en briques visiblement de style résidentiel (quelque peu caché par les branches de l’arbre). Une cheminée de style industriel (en arrière plan). Quelques options émergent naturellement. Le geste symbolique d’un reclus, anti-social (voire même sociopathe), ayant désiré une fois pour toute de se retirer du milieu – geste qui échoue, malheureusement, par l’ironie du spectacle. Un scientifique fou confondant esthétisme et science (écouter What’s He Building In There? par Tom Waits). Un artiste qui un jour dévoilera tout le lumineux qui existe derrière le mur dans un grand happening, une sorte d’éclosion. Le QG du marché noir équestre de Montréal. Un projet d’un étudiant en architecture. Et ainsi de suite. Une remarque générale: peu importe le type, l’auteur, le fabricant, l’architecte dudit mur, ils ont tous eu en commun le génie esthétique de ne pas apposer un collant rouge “Pas de circulaire” sur leur œuvre.

Et non, je ne suis pas allé voir dans la ruelle – derrière le mur – pour satisfaire ma curiosité. Curiosité qui me paraissait beaucoup plus fertile tant et aussi longtemps que je pouvais projeter mes réflexions sur la surface du gros mur noir, et par delà sa surface. Pour ma génération, voir Passe-Partout (je vais passer au travers de la feuille de papier). Pour les cinéphiles, voir Michael Haneke (Caché). Pour les poststructuralistes, voir Roland Barthes (S/Z ou encore La mort de l’Auteur). Pour tout le monde, voir un strip tease.

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4 comments

  1. what? no graffiti “art”? What a relief.

  2. Well, I suspect that blurring the line between domesticity (its residential-ness) and publicity has been a major reason for this blank canvas to remain untagged. After all, who would want to tag the home of the headless horseman?

  3. Certainly a relieve for the eyes to find a piece of respected private property in Montreal. It must be a bait wall! Hmm… a graffiti bait wall what a great idea (evil laugh)!

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