Ce billet est contribué par Marie-Sophie Banville. Elle trouve son compte quelque part entre les études féministes, la science politique et l’urbanisme, et aime les initiatives, petites et grandes, qui humanisent l’espace urbain en le rendant original et imprévu.
J’habite le quartier Centre-Sud. J’aime ce quartier. Je le trouve authentique et vivant. Il n’est pas lisse, propre et poli. Il est incongru, surprenant et rugueux. Comme le disait Leonard Cohen, il y a une faille en toute chose, c’est ainsi que la lumière y pénètre.
La ville de Montréal a récemment dévoilé son Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour Sainte-Marie (PDF), un secteur précis du Centre-Sud. Après avoir parcouru la soixantaine de pages du document, un petit passage, presque insignifiant, persiste à me revenir en tête. En page 42 on peut lire la proposition suivante :
“Aménager sur le terrain situé en face de l’école Gédéon-Ouimet une nouvelle place publique afin de bonifier les aménagements publics de la rue Ontario et de conserver une percée visuelle sur la façade principale de l’école.”
Les terrains en face de cette école sont en fait des stationnements appartenant à l’usine JTI MacDonald. Les stationnements de cette usine sont, disons-le, une véritable plaie qui fragmente lourdement le tissu urbain de ce secteur. J’ai dénombré au total 357 places de stationnement (oui, je les ai comptées…) et à peine 20% de cet espace est quotidiennement occupé. Il est donc impératif de prendre en main ces espaces sous utilisés, d’autant plus que cette usine menace de fermer ses portes depuis quelques années.
Par contre, quand je lis “aménagement d’une place publique” une alarme sonne en moi. Je me dis, “merde, ils vont nous faire une Place Valois.” Et la Place Valois, c’est mal. Voici pourquoi.
La Place Valois est une place publique située au coin de la rue Ontario et de l’avenue Valois dans Hochelaga-Maisonneuve. Anciennement site de l’usine Lavo, cet endroit est devenu en 2005, une place publique bordée de plusieurs commerces raffinés (boulangerie, chocolaterie, charcuterie, bistro, etc.). La Place Valois, c’est l’égérie de la risible appellation HoMa. Risible, parce qu’elle incarne une réalité factice montée de toute pièce par des promoteurs immobiliers.
À mes yeux, l’appellation HoMa symbolise la honte qu’entretiennent certains Montréalais envers les quartiers populaires qui sont pourtant une réalité indissociable de toute ville bâtie dans une logique capitaliste (les ouvriers et les usines d’une part, les patrons de l’autre). Comme s’il y avait quelque chose de honteux à vivre dans Hochelaga-Maisonneuve et qu’il y avait quelque chose d’intrinsèquement branché à vivre dans HoMa. Allez comprendre. La Place Valois me choque surtout parce qu’elle rend forcément grossière la présence des habitants indigènes. Son design lisse et élégant est exclusionnaire, ce type de design est parfois appelé ‘dissuasif’ au sens où il contribue naturellement à garder les indésirables à distance. Les gens qui habitaient ce secteur bien avant l’enclanchement du processus de gentrification ont maintenant l’air de touristes chez-eux. Ils clashent avec le décor. Et ça, c’est mal.
C’est mal parce que ça dépossède les gens de leur quartier et que ça étale au grand jour le malaise collectif que nous éprouvons envers le fait même de leur existence qui est pourtant le résultat de toute économie capitaliste : la pauvreté. Qu’on me comprenne bien, je n’ai rien contre le fait que quelques commerces plus luxueux ou raffinés s’installent dans Sainte-Marie et qu’une certaine mixité sociale, tant que cela respecte un certain équilibre et que cela ne provoque pas une inflation soudaine du coût de la vie. Cependant, quand l’espace public lui-même commence implicitement à exclure une partie importante de la population, je crois qu’il y a matière à s’objecter.
Revenant au PPU de Sainte-Marie et, à la lumière de mes observations précédentes, je crois qu’il est nécessaire de prendre en charge ces espaces vacants mais qu’il est impératif de ne pas répéter l’expérience de la Place Valois. Au risque de passer pour une utopiste finie, je vais vous dévoiler le genre de projet dont je rêve pour les stationnements de la JTI MacDonald.
L’idée est inspirée du groupe EcoCity Builders. En 1995, ce groupe a excavé un ancien stationnement/terrain vague à Berkeley en Californie pour mettre à jour un ruisseau qui avait été recouvert. Par la suite, ils ont planté quelques végétaux indigènes et ils ont laissé une nature sauvage peupler elle-même le lieu. Ce site relate avec des images le processus de construction de ce projet.
Je soupçonne l’existence d’une rivière en-dessous des stationnements de l’usine JTI MacDonald, le long de la rue D’Iberville; l’hiver, la ville laisse une ouverture dans la chaussée pour déverser la neige des camions de déneigement et j’ai pu y entrevoir un ruisseau au débit fort impressionnant (voir la carte des rivières perdues). Mais peu importe l’état de l’hydrographie sous ces terrains, l’idée serait de créer de petits parcs sauvages. La nature à l’état brute n’est associée à aucune classe sociale, elle est fondamentalement inclusive. Je crois qu’il s’agirait là d’un projet innovateur et écologique en plus d’être un reflet de l’authenticité de ce quartier.
// Un groupe citoyen est présentement en train de s’organiser dans le Centre-Sud afin de déposer un mémoire en réponse au PPU. La prochaine réunion générale aura lieu au Café Coop Touski (2361 Ontario-Est) le 1 mai à 18h00. Le mémoire est présentement en cours de rédaction et il sera déposé devant l’Office de consultation publique de Montréal. Ce groupe citoyen vise à rester actif dans le quartier même après le dépôt du mémoire. Tous sont les bienvenus.
14 comments
Pas sur de comprendre;
La Place Valois c’est mal parce que ca vient du privé?
“La Place Valois me choque surtout parce qu’elle rend forcément grossière la présence des habitants indigènes”. Ca veut dire quoi? La place Valois n’est pas utilisée? Les commerces ne sont pas frequentés?
Si la place est utilisée (a part par les sans-abris, comme l’immonde place Viger), ou est le probleme? C’est la preuve meme, et suffisante, de l’adequation de la chose.
Les “habitants indigènes”, comme vous les appeller, n’ont pas plus de droits que les nouveaux occupants.
C’est pas de l’utopisme (une utopie, c’est une fantaisie desirable mais improbable), c’est du neo-ludditisme votre affaire. Sans grande justification.
Il n’est pas question de financement privé ou publique dans cet article. Je m’intéresse à la relation entre l’architecture et le rapport de classe. L’idée de “design dissuasif” ne vient pas de moi et n’est pas le fruit d’une paranoïa quelconque. Il s’agit d’un concept généralement accepté dans le milieu de l’urbanisme et de la géographie (les écrits de Don Mitchell et de Randall Amster m’inspirent beaucoup). Maintenant, si vous assumez que la présence de personnes itinérantes rend un lieu immonde, j’assume de mon côté que nous devons présenter des vues radicalement différentes sur l’occupation de l’espace urbain.
Je me suis peut-être exprimée de façon trop vague, mon point est tout simplement que la vague de gentrification qui déferle sur Montréal est, à mon sens, indissociable d’un désir de masquer l’héritage ouvrier et industriel de certains quartiers. Ce qui est un non-sens, puisque nous vivons dans une économie capitaliste qui doit forcément générée de tels endroits. Par ailleurs, dans La Situation de la classe ouvrière en Angleterre, Friedrich Engels observait déjà cette tendance en 1887 en affirmant dans les villes capitalistes naissantes, la logique capitaliste doit nécessairement être accompagnée par une ségrégation des quartiers sur la base de leur contribution dans la chaîne de production. Engels dressait aussi un parallèle avec l’ancien-régime et affirmait que « avant l’époque industrielle, la société dissimulait ses parties honteuses, ses défaillances et ses vices: la folie, la prostitution, les maladies ; elle les rejetait dans des lieux maudits. La société bourgeoise dissimule au contraire ce dont elle vit, sa partie active et productive. » Cacher un quartier industriel équivaut, pour Engels, à dissimuler à la fois « l’exploitation et le résultat de l’exploitation. » La lucidité des ces observations plus que centenaires me frappe à chaque fois. À mon avis, appeler Hochelaga-Maisonneuve “HoMa”, c’est nier l’exploitation et le résultat de l’exploitation. C’est évocateur de la honte que peut générer les endroits qui sont laissés pour contre par le mouvement du capital.
Par ailleurs, vos allégations de néo-luddisme (et non néo-ludditisme) me font sourire parce qu’il s’agit là d’une philosophie qui ne me déplaît pas entièrement et que je trouve, par endroit, fort pertinente bien que je ne vois pas le lien entre le fait d’être critique face à notre dépendance à la technologie et le sujet de mon article…
Je redéménage bientôt dans Centre-Sud, à quelques coins de rue du stationement en question et je crois qu’il faut en effet 1- faire quelquechose avec ces stationnements inutiles et vides et 2 – éviter que ce ne soit, comme il est dit dans l’article, une “Place Valois”, déconnectée de ces résidants.
La carte des rivières souterraine est intéressante, la propositions de redécouvrir cette rivière est audacieuse, j’aime ça. Bravo!
Un article très intéressant. Bon travail.
J’habite depuis près de 13 ans tout près de là également mais juste en haut de la côte. J’ai repris la natation intensive au moment où le Centre J-C. Malépart a innauguré sa toute nouvelle piscine en juin dernier. Depuis, je descends plus souvent dans ce coin déprimant de Montréal pour bien sûr y faire mes 3-4 kilomètres de piscine par semaine mais aussi pour me garder en forme via les cours qu’offre le centre J-C. Malépart. Le quartier s’améliore certes petit à petit mais… J’ai donc récemment redécouvert la bibliothèque et Maison de la Culture Frontenac que je ne visitais plus parce que c’était trop déprimant dans ce coin là. Tellement déprimant que je prenais le 24 à partir de la station de métro Sherbrooke et me tapais tout le trajet de la rue Sherbrooke plutôt que d’avoir à me rendre jusqu’au métro Frontenac. Ainsi je m’évitais de voir le déprimant décor qui s’y retrouve dès que les portes de la station sont frnachies. Bien sûr il y a quelques trucs dans ce coin là comme: la petite épicerie asiatique, 2 restaurants vietnamiens et une patisserie polonaise avec des beaux produits chic et de bon goût. Puis il y a un IGA qui a repris du poil de la bête et qui vaut 100 fois le Provigo du Centre Maisonneuve qui se trouve tout près de chez-moi, mais ce n’est pas assez pour que ma vie se passe en bas de la côte là où c’est presque le néant. Le plus gros de ma vie se passe au Nord de la rue Sherbrooke, sur le Plateau qui est un genre de Disneyworld pour moi. Là où les gens sont plus beaux, le décor un peu plus beau, juste un peu, et où je peux me rincer l’oeil et voir de belles boutiques et dépenser les sous que je gagne à travailler dûrement. On sent un vent de changement certes dans ce pauvre coin minable de Montréal mais est-ce que ce sera assez? Je me souviens quand il y a 20-25 ans j’habitais rue Papineau entre Sherbrooke et Ontario. Le quartier devait changer au moment où j’avais décidé de le quitter. Aux Petits Extras était un des premiers pionniers à propulser ce changement. Ils ont ensuite construit un beau parc au coin de DeLorimier et Ontario, plus récemment un beau Pharmaprix au coin de Champlain et quelques autres dont Ma Grosse Truie Chérie ont suivi mais le quartier demeure toujours aussi déprimant que dans le temps… Cherchez l’erreur.
“Il n’est pas question de financement privé ou publique dans cet article”
Votre message original semble pourtant le souligner:
“parce qu’elle incarne une réalité factice montée de toute pièce par des promoteurs immobiliers.”
“présence de personnes itinérantes rend un lieu immonde”
Dans le cas precis du Square Viger, c’est le cas en grande partie. L’architecture manquée n’aide pas (les structures en beton denudé, en complete opposition avec un lieu qui devrait etre convivial). Vous y aller souvent faire des pic-nics ou lire un livre au Square Viger? Sinon, aller s’y assoir vers 22:00, c’est sympathique?
D’autre part:
“gentrification qui déferle sur Montréal est, à mon sens, indissociable d’un désir de masquer l’héritage ouvrier et industriel de certains quartiers”
En fait, les promoteurs font du “branding”. Hochela Maisonneuve est associé a la pauvreté. L’appellation HoMa a en effet le but de changer la perception. Y’a rien d’insensé la dedans.
Je passe le bout de theorie communiste inutile (il n’y a pas d’exploitation presentemment dans Hochelaga Maisonneuve) pour en arriver au luddisme: c’est le rejet du progres. Tout-a-fait a propos, particulierement en consideration de votre proposition alternative.
Enfin, on s’accordera que nos opinions de se rejoindront probablement pas.
J’espere pour ma part une intervention de la ville qui se limitera a identifier et encadrer les besoins fondamentaux de l’arrondissement, et puis laisser la realisation au privé (incluant les résidants qui désireraient s’approprier une partie du territoire).
Bonjour, une grande variété de gens (des chômeurs, des étudiants, des sans-abris, de jeunes et moins jeunes professionnels) fréquentent la Place Valois et apprécient son ”design lisse et élégant”. Il me semble injuste de la qualifier d’exclusionnaire parce que c’est, il me semble, un exemple de place publique qui fonctionne bien à Montréal. Elle est dégagée, mais bien délimitée par un front bâti de commerces et de restaurants, ce qui fait qu’elle est vivante et accueillante et que les gens s’y sentent en sécurité. De plus, son mobilier urbain me paraît plutôt intéressant parce que sa forme et sa disposition rappellent les wagons qui passaient autrefois sur ce même lieu. Certains de ces blocs de granit sont d’ailleurs assez confortables pour quinconque veut s’allonger un moment.
Espérons un projet de qualité semblable en face de l’école Gédéon-Ouimet. Tant mieux si on y met en valeur un ruisseau, mais n’oublions pas que personne, pas même les pauvres et les exclus, n’aime s’asseoir dans un trou de bouette.
Moi, j’adore la Place Valois et je me demande bien quel sera un design plus sensible aux pauvres pour qu’ils clashent moins.
Bravo pour un article si bien écrit; c’est un plaisir de lire, mais hmm…. pour moi ça sonne un peu comme une intellectualisation des graffiti « pas de riches dans mon quartier ». Il y a des projets intéressants qui respectent leurs environs, tout comme il y a des “cookie cutters” affreux. Je trouve la Place Valois très bien fait — j’aurais aimé des fenêtres dans l’édifice en coin au lieu des escaliers, mais bof, c’est un détail.
En général, je dirais que la grentrification de ces deux quartiers se passe très bien : un condo ici, un autre là, un projet qui remplace un terrain vague et souvent pollué. On est loin de l’époque où on rasait des quartiers entiers, et ça se traduit par un ajout graduel des gens un peu plus riche, sans chasser les pauvres. Le résultat est des quartiers plus mixtes, pas moins. Très différent de ce que Engles décrivait, et très différent de ce qui se passe ailleurs, même ici au Canada comme à Toronto, Calgary ou Vancouver.
Et d’ac il y a des individus et des quartiers et des projets plus chic et d’autres plus pauvres, mais si tu peux me montrer une ville où l’importance de ta classe, et les signes pour le montrer, comptent moins qu’à Montréal, je serais très surpris.
Mais je suis d’accord: si tu t’habilles chez Rossy et oses t’asseoir à la Place Valois, euh non. Ça marche pas pantoute. Va utiliser la “terasse” de la Pataterie à côté — oui, c’est privé et tu vas devoir te payer un stimé all dress, mais là, tu fittes beaucoup mieux dans ce décor-là, et je vais pouvoir tremper mon croissant aux amandes dans mon chaï latté soy en paix.
Je suis tout à fait d’accord avec l’auteur. La Place Valois est mal. En passant “HoMa” n’est pas le premier quartier ré-inventé par les développeurs à Montréal à porter une abbréviation comme nom. Il y a aussi eu SLeb (St-Laurent en bas) qui était l’ancien nom pour les Lofts des Arts sur St-Laurent vers le nouveau “quartier des spectacles”. Ce genre d’abréviation vient de trois quartiers à New York. SoHo vient de “South of Houston street”, Noho de “North of Houston street” et Dunbo à Brooklyn vient de “Down under the Brooklyn Bridge”. Ces noms ont parus graduellement au fil des années avec l’usage et ne sont pas l’invention des compagnies immobiliers. Cette tradition de nommer des quartiers ainsi est typiquement new-yorkais et déplacée à Montréal. Ça m’étonne qu’on soit trop complexé pour trouver nos propres façons d’identifier nos quartiers. Faut-il toujours chercher à voir Williamsburg (quartier hipster de Brooklyn) dans le Mile-End ou le Plateau Mont-Royal, ou Chelsea (NY) dans le Sud-Ouest (il me semble que j’ai déjà vu ces comparaisons dans la chronique de Marie-Claude Lortie, journaliste qui adore Toronto et New York et se plaigne tout le temps de Montréal).
J’avoue que mon point est peut-être secondaire à la question ici mais sousligne quand même une certaine attitude dans les projets immobiliers dans le centre-ville. Nous devons chercher au sein des vieux quartiers les solutions à leurs problèmes. SoHo est un quartier chique et parmi les plus riches au monde. L’histoire et le hazard ont déterminé ça et le Centre-Sud, Hochelaga et Maisonneuve n’ont tout simplement pas eu la même chance. Hochelaga est un quartier de classe très moyenne avec une histoire ouvrière. Au lieu de totalement raser le quartier et de le remplacer avec des Place Valois qui ressemblent à des mini-Brossard il faut valoriser cette histoire au lieu de tenter de l’oublier.
Je suis tout à fait d’accord avec Tristou. La Place Valois est très utilisée par toute sorte de gens, je l’aime beaucoup. Je suis même étonné de voir autant de mépris à son égard. En tout cas, indépendamment du design de la nouvelle place, si on ne se débarasse pas des stationnements autour, le paysage va encore laisser à désirer.
Pour ma part, j’ai fréquenté la place Valois à quelques reprises, puisque j’ai travaillé dans ce quartier durant quelques années, majoritairement avec des personnes venant de milieux défavorisés. Je pense que l’auteure se trompe quand elle parle de discrimination par l’architecture : ce qui est notoire, c’est l’attitude petit-bourgeois des nouveaux propriétaires de condos qui écœurent les ouvriers en appelant la police parce qu’un quidam parle un peu fort à côté.
Tout ça nous ramène à l’histoire du Plateau : autrefois un quartier populaire, il s’est embourgeoisé au point où les nouveaux habitants en ont chassé les prolétaires, en conservant la Binerie comme artefact d’une autre époque. À ce moment, les moins bien nantis ont convergé vers l’Est. Là, il y a eu, vers 2006, une annonce dans le secteur immobilier qui disait que les maisons à Hochelaga-Maisonneuve étaient destinées à prendre de la valeur. En juxtaposant le fait que plusieurs promoteurs immobiliers ont décidé d’offrir des condos « abordables » dans ce secteur, le quartier s’est modifié et il y a maintenant autre chose que des stands à patates graisseuses dans le coin. Certains habitants ont déménagé encore plus à l’Est, où, à nouveau, on construit des condos et l’histoire se répète.
L’auteure, dans le fond, se demande peut-être maladroitement s’il y a encore une place pour « la classe ouvrière » à Montréal, un peu comme à New York, où il existe une règlementation pour permettre aux citoyens qui ne sont pas les 62 000 millionnaires de la ville d’y rester. À ce chapitre, je considère que Montréal permet une forme de mixité sociale, même s’il y a une tendance aux bo-bo (bourgeois bohème), particulièrement à HoMa. Par contre, si le développement urbain suit les traces du quartier Bois-Franc à St-Laurent, je pense que là, l’espace contribuerait à marginaliser les moins bien nantis.
http://www.habitatnyc.org/advocate_covenant.html
http://www.huffingtonpost.com/2011/04/07/new-york-affordable-housing_n_846300.html
http://www.realestatenewyorkcity.net/realty/215/affordable-new-york-city-real-estate.html
Très intéressant cet article Marie-Sophie!
Je ne connais pas encore bien l’histoire de Montréal et les commentaires sont également intéressants sur la diversités des ressentis sur Hochelaga. Je crois que le but n’était pas de critiquer la place Valois, mais de donner une autre idée de ce que pourrait être un espace commun un peu plus authentique, d’où l’exemple de Berkeley. Enfin bref, ça me donne à réfléchir!
Pour les gens vraiment interessés pas le quartier, nous organisons une occupation de la place Valois du 27 au 31 août 2011 en après midi. Discussions, ateliers et autres évenements.
Tous les habitantEs d’Hochelaga sont invitéEs. On parle bien ici d’Hochelaga et non d’HoMa.
For the record : my comment was supposed to be humourous, pointing out that the alternative to the too-bourgeois but public Place Valois would be a private space where you need to pay to sit at. I love Place Valois and think that you don’t need to be rich or knowledgable about urban design or socioeconomics to enjoy a nice space.