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Canadian Urbanism Uncovered

Routes intelligentes?

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Verra-t-on le jour où les piétons, cyclistes et automobilistes de Montréal se déplaceront sur des surfaces plus responsables et respectueuses de l’environnement? Selon un article paru dans Le Devoir de samedi, une nouvelle génération de routes pourrait bientôt voir le jour au Québec. Recyclage d’asphalte, bitume à l’huile végétale, revêtement thermosensible et auto-nettoyant, marquage lumineux modifiable intégré… Comme le stipule très bien l’article, nous sommes ici dans la même veine contradictoire que la prétendue “voiture écologique”.

Les constructeurs de route en rajoutent évidemment en nous annonçant la «route verte» pour demain. Encore une fois, l’incrédulité peut répondre à la propagande commerciale sans toutefois dénigrer les plus notables efforts pour civiliser un peu la «civilisation de l’auto».

Plusieurs de ces technologies seraient déjà utilisées ailleurs avec succès, notamment en Europe. Mais cela ne veut rien dire pour leur future utilisation sur notre sol. Bien que le gouvernement provincial compte investir 2,7 milliards dans les routes de la province d’ici 2009 (un autre 12 milliards d’ici 2012!), il y aura bien plus de “patchage” que de nouvelle construction.  Les surfaces “responsables” ne constitueraient qu’une infime partie des réparations et nouvelles constructions; les nouvelles technologies, toujours plus couteuses, seraient gardées pour les grandes artères et autoroutes à fort achalandage. L’article va plus loin en se posant la question si la main d’oeuvre et l’expertise requises pour ce genre de nouveaux travaux ne sont pas déficitaires au Québec.

Les exemples de mauvais travaux routiers abondent, rien qu’autour des bureaux du Devoir, près de la Place des Arts, à Montréal. Le bitume et les trottoirs de la rue De Bleury ont été refaits il y a trois ans. Le résultat fait honte aux nobles corps des métiers de la route: les trottoirs ondulent, l’asphalte craque encore. Le bitume tout neuf de la rue Saint-Denis, rue retouchée il y a moins de cinq ans, ne vaut guère mieux que celui du reste de la ville-poulailler. Rue Saint-Urbain, après le chantier, le marquage au sol a probablement été fait par un ouvrier en goguette: la ligne de démarcation de la piste cyclable se dédouble carrément à certains endroits.

Par contre, Montréal semble un bon endroit pour innover en termes de revêtement routier. J’ai passé mon enfance (et encore) à entendre parler de la ville comme de la capitale du nid-de-poule (pot hole). C’est peut-être là une image qu’il faudrait, euh, recouvrir. En toute fin d’article, les propos de Jean-Claude Marsan remettent le discours sur l’avenir de nos routes dans son contexte présent en notant particulièrement l’absence de “réflexion sur la ville” à Montréal.

L’architecte et urbaniste Jean-Claude Marsan préfère parler de cas à la fois plus négatifs et plus positifs. Il cite la démolition de l’échangeur du Parc-des Pins comme exemple à imiter. Par contre, le projet confirmé de «modernisation» de l’autoroute Notre-Dame, dans l’est de Montréal, avec ses portions en caisson, le met carrément en colère.

«Ça n’a aucun bon sens, dit le professeur titulaire de la faculté d’aménagement de l’UdeM. On va reproduire la catastrophe de l’autoroute Décarie, avec le bruit et la pollution. On a dépensé des centaines de millions pour couvrir la brèche de l’autoroute Ville-Marie dans le centre-ville et là, on va en refaire une autre plus à l’est.»

Il se demande aussi ce que font les élus, s’ils voyagent et connaissent les meilleurs modèles étrangers. «Portland, Stockholm ou Chicago corrigent leurs erreurs. Boston a enfoui son autoroute près du centre-ville et nous on refait le pire.»

Pour lui, cette situation ne peut s’expliquer autrement que par une lancinante bêtise bureaucratique. «Il y a plus de fonctionnaires au Québec que dans toute la Californie, où il y a pourtant cinq fois plus de citoyens. À Montréal, il n’y a pas de réflexion sur la ville et le Service d’urbanisme est moribond. Nos fonctionnaires répètent les erreurs des décennies passées et s’apprêtent à dépenser des milliards pour refaire des routes comme si on n’avait rien appris depuis quarante ans… »

Construire des routes intelligentes ne suffit évidemment pas. Il faut avant tout penser les routes intelligemment.

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