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Canadian Urbanism Uncovered

Dimanche démocratique : Piller les autres villes pour mieux gérer la nôtre

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Is 1967 all Montréal has to show for itself ?
« Un vrai leader n’a pas besoin de conduire.
Il suffit qu’il montre le chemin. »
– Henry Miller

Il faut le dire : une sécheresse de direction tarit le dominion canadien. Nos villes ne se sentent plus capables de porter les fruits de grandeur urbaine dans ce désert de vision municipale.

Et si nous volions le bagage intellectuel trouvé hors de l’île de Montréal pour concrétiser nos rêves de Montréalais, qui se déclarait candidat dans cette élection ?

Au lieu de lister les hautes personnalités qui sont tellement liées à leurs districts que, comme Madonna, ils sont connus uniquement par un nom (Delanoë, Bloomberg, Daley), je vous propose trois candidats qui abonniraient la campagne électorale montréalaise.

Helen Zille, Régis Labeaume et Hazel McCallion

Helen Zille
Helen Zille

À Montréal, nous disputons des langues. En Afrique du Sud, ils les maitrisent. Helen Zille, qui jusqu’à avril 2009 occupait la mairie de Cape Town, en parle quatre – une représentation complète de la structure socio-économique de sa circonscription : la langue de colonisation brutale, anglais; la langue de nationalisme raciste, afrikaans; la langue du peuple opprimé, xhosa; et la langue de son origine immigrante, allemand. Tout cela dans un pays qui, avec onze langues officielles, a bien subi des bouleversements sociaux spectaculaires – ici, nous avons beaucoup à apprendre.

Son histoire surprend. Tout au début, elle a travaillé pour l’égalité : comme être humain décent contre les politiques bestiales d’apartheid ; et, comme journaliste en dévoilant l’assassinat du martyr Steve Biko. Être leader, il n’est pas facile.

En tant que mairesse, elle n’a jamais cessé ; la lutte contre le crime et la pauvreté, la croissance économique, la rénovation urbaine, et la transformation d’une ville modeste au premier pôle touristique en Afrique ont été réalisées sous sa direction.

Elle n’a pas peur de dénoncer la province (dont elle fait actuellement partie à titre de premier ministre), la République (dans un pays où la critique de l’ANC égale l’hérésie), et les gouvernements étrangers (notamment Mugabe du Zimbabwe) aux fins de défendre ses citoyens.

Régis Labeaume (Labeaume Premier)
Régis Labeaume

Peut-être Québec surfe-t-elle sur la vague de fierté qui déferlait sur les Plaines d’Abraham. Notre rival en aval a fêté ses 400 ans, mais était rajeuni par les célébrations qui avaient lieu l’année dernière ; elle connaît à présent sa propre version de 1967. C’est Régis Labeaume qui se retrouve à la tête de ce renouvèlement.

Il n’était pas censé prendre l’Hôtel de Ville. Selon les sondages, Ann Bourget aurait dû être couronnée dans l’élection particulière de 2007 après la mort de l’ancienne mairesse. La leçon apprise : il ne faut jamais avoir confiance dans les sondages (J’espère de même pour Montréal).

On parle de Labeaume sans cesse, ergo sans cesse de Québec on parle. Même moi, hébergé dans le Plateau, connais cet homme. Certes, Québec fêtait son anniversaire, mais, normalement, les événements québécois sont trop insulaires ; ils n’inondent que la vallée du St-Laurent. Le mandat du maire aspirait à faire exploser la coquille de la Veille-Captiale en l’ouvrant vers non seulement le reste de la Confédération, mais aussi le monde. He got a little help from his friends, en appelant Sir Paul. Il se fout des fausses polémiques qui définissent la politique provinciale en favorisant la promotion de sa ville. Quant à ceux qui voulaient franciser le Crashed Ice ou l’annuler au complet (pour des raisons de NIMBY), il les a ignorés, car il croyait en l’importance économique. Quand des groupes d’intérêt ont détourné la bonne idée de Moulin à Paroles, Régis n’y a pas assisté ; il est allé donner un discours à l’Ohio. Pourquoi ? Parce qu’il sait que la langue internationale n’est pas l’anglais, mais c’est l’argent. N’oubliez pas qu’il fera rentrer les Nordiques chez eux !

Toutefois, je ne tombe pas facilement amoureux. J’adore trouver des fautes ; un site web dédié à abaisser le maire liste leurs citations labeaumeiennes favories. Il est cependant ironique que ces citations me fassent l’aimer davantage. Mon préféré : « Il y a deux catégories de candidats: les gros candidats et le reste. Ceux-là, ce sont des gens qui veulent exister en venant se battre avec moi » (“Labeaume a un adversaire… mais il en veut un autre!”, Le Devoir, 11 septembre 2009.”)

Peut-être suis-je facile à satisfaire — J’aime mes mecs avec des couilles.

Hazel Santa
Hazel McCallion

Hurricane Hazel : cette dame exerce davantage de puissance que l’orage effroyable de 1954 qui porte son nom. En provenance de Port-Daniel (Gaspésie) (un autre perdu à la 401), Mme McCallion a surveillé la métamorphose impressionnante de Mississauga : d’un petit village paroissial, à la 6e grande ville canadienne à travers son règne de presque 40 ans.

À 89, l’âge où la plupart de ses collègues attend leurs morts, elle commande le respect. Il ne faut jamais la courroucer ; tous les politiciens le savent. La création d’une ville prospère comprenant des zones industrielles, commerciales et résidentielles ; une diversité de services ; les arts et la culture ; et un centre-ville à partir des champs de maïs : un acte incroyable accompli durant une période de 30 années. Certes, la municipalité est devenue la définition totale de l’étalement urbain. Mais il faut considérer sa croissance en contexte de l’époque. Les années 1980 sont caractérisées par son étalement comme les années 1930 sont caractérisées par son racisme : autrefois, on l’acceptait. McCallion a suivi les conseils des urbanistes ineptes. Ce qui nous concerne est ses actions maintenant. De nouvelles règles pour le développement, les initiatives pour le transport en commun, et la densification de la ville centre constituent de vrais projets en cours de réalisation.

Hazel a accédé au pouvoir avant l’existence de Mississauga. Quand le jour du jugement arrive, et la Terre est réduite en poussière, Hazel McCallion y sera pour diriger les cendres.
Vote or Die.
Quoi qu’il en soit, je voterai dans les élections municipales en novembre. Parfois la démocratie ne nous fournit pas les meilleurs candidats. Cependant, elle est la seule option que l’on a en ce moment.

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6 comments

  1. Arrêtez-donc de vous lamenter à propos des histoires de langues qui se passent ici; ces lamentations, en général, se résument à vouloir dire «laissons donc les anglais être anglais». Ouais, on a déjà connu ça il y a 40 ans: si on est gentil, les anglais vont peut-être nous donner des miettes…

    Les anglais nous ont fourré pendant deux siècles, et la seule solution est de s’en débarrasser; nous ferons notre vie sans eux, la France est la preuve que nous n’avons pas besoin des anglais pour vivre.

  2. C’est drôle à mes yeux de lire “nous disputons des langues”. C’est un euphémisme non?

    C’est loin d’être une simple dispute, pendant des siècles les francophones ont été systématiquement écartés du pouvoir (tout comme les autchtones d’ailleurs) et maintenus dans la pauvreté, forcés à utiliser l’anglais sur les lieux de travail par les contremaitres anglosaxons, ils ont subis l’oppression et la ségrégation, été forcés de combattre dans les guerres des anglais (rappellons nous les émeutes d’avril 1918 à Québec contre la conscription, l’armée canadienne tire dans la foule et tue des gens), etc.

    Après des siècles de ce régime, c’est normal qu’on ait abouti à la loi 101 et au nationalisme Québécois, c’est pas des “disputes”, c’est un combat pour l’égalité et l’émancipation.

  3. Je ne nie pas la lutte vécue par les ancêtres francophones non seulement au Québec, mais aussi au Canada et même aux États-Unis.

    Il faut juste aller dans les archives de CBC/Radio Canada pour le prouver.

    Mais, j’ai constaté que, ici, au Québec, il est devenu tendance à dire que l’on est défenseur de la langue française sans avoir rien défendu. Nous laissons la tâche au gouvern-maman. Mais cette gagne de politicards, à Montréal, à Québec et à Ottawa, qui est à la conquête du pouvoir, qui se fout des citoyens, se fout du français.

    Ils se plaignent que les étudiants s’inscrivent davantage aux CEGEPs et aux universités anglophones en même temps que nos établissements francophones meurent de faim financière.

    Ils soutiennent les Français et les Belges qui viennent étudier à McGill, alors que nos cousins francophones à travers les Amériques doivent payer 3 fois ou plus pour leurs frais de scolarité

    Ils disent que le français est menacé par les Anglais (qui sont actuellement partis à Toronto ou bilingues ou les deux); les immigrants (qui sont souvent multilingues mais ne peuvent pas toujours trouver un emploi); les boogeymans.

    Ils utilisent le combat pour l’égalité et l’émancipation comme diversion pour que nous, les citoyens, désapprenions leur incompétence et qu’ils gardent leurs postes de pouvoir. En effet, ils se moquent du combat; n’oubliez pas que c’était eux qui ont travaillé en concertation avec vos amis, « les Anglais ».

    Cela me fait vomir, car notre ville a besoin d’aide massive.

    La langue et la culture sont importantes, certes. Mais le subjonctif ne cessera point la décrépitude de nos infrastructures et équipements.
    Le fait que vous connaissez la différence entre who et whom ne changera point que Montréal demeure une des villes les plus pauvres en Amérique du Nord.

    C’est pour ça que Helen Zille et l’Afrique du Sud se servent d’un bon exemple. L’histoire là était brutale. Cependant, au lieu d’accuser les uns les autres, ils ont dit, « ce qui s’est passé était horrible. Que nous travaillions ensemble afin de reconstruire notre pays! » Des mots inspirateurs pour Montréal.

    Vive un Montréal francophone, mais surtout prospère!

  4. “Ils disent que le français est menacé par les Anglais (qui sont actuellement partis à Toronto ou bilingues ou les deux)”

    Hmmmm, t’es déjà aller au centre ville? J’y travaille et je vais te dire que les anglophones, s’ils sont bilingues, ils le cachent bien. Bizarre quand mpeme que moi, le québécois, je doive parler en anglais pour les “sorry I don’t speak french” mais que si jamais je me rendais à Toronto ou Calgary, j’aurais de la misère (si j’y arrivais) à me faire servir en français. La preuve qu’au Canada les francophones sont des citoyens de second rang.

  5. Tout ceux que j’entends se plaindre des méchants anglais du Centre-Ville n’y habitent pas. Pour moi, c’est comme se plaindre de ne pas avoir été servi en français à Rome ou Tokyo…

    “Oui mais c’est pas pareil! Montréal n’est pas dans un autre pays! C’est au Québec!”… sauf que le gag, c’est qu’un pays, c’est pas juste une ligne sur une carte. Ça prend des habitants pour le faire.

    C’est pas les méchants anglos qui nous envahissent au centre-ville, c’est les francos qui ont décampé!

    Peux-t-on les blâmer? Comment peut-on renoncer à une belle marche sur Sherbrooke ou René-Lévesque? Ou aller promerner son chien dans un petit parking mafieux à 20 places en guise de parc?

    Vous voulez régler la situation du français à Montréal une fois pour toutes? Réglez l’hémorragie des familles vers la banlieue en rendant Montréal sécuritaire, saine et attrayante.

    C’est très facile de se faire servir en français au Carrefour Laval.

    –Xavier

  6. “Tout ceux que j’entends se plaindre des méchants anglais du Centre-Ville n’y habitent pas. Pour moi, c’est comme se plaindre de ne pas avoir été servi en français à Rome ou Tokyo…”

    J’Habite au centre ville (Si tu veux être vraiment technique, je dois faire 3 rues pour me rendre à Ville Marie).

    “C’est très facile de se faire servir en français au Carrefour Laval.”

    Surement, mais c’est dur de travailler en français à Montréal.

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