« Nous leur demandons seulement d’aimer leur prochain autant que leur voiture. »
– Gilbert Cesbron
Durant une visite, il y a quelques semaines, à nos bons amis situés en amont, j’ai décidé d’emmener une copine en randonnée sur l’escarpement du Niagara à Hamilton. Cette réserve de biosphère UNESCO évoque mes souvenirs du temps passé quand j’ai grimpé aux arbres, ai pêché dans des ruisseaux, et ai regardé, avec élégance, des chutes tombantes des falaises. Imaginer l’étonnement total, bouche bée, lorsque nous sommes arrivés : la dernière trame verte située en ville a été transformée en autoroute. Le béton a été coulé dans les poumons urbains. Depuis, je suis dégouté, voire furieux.
À l’époque où tout le monde se veut « vert », pour quelques leaders, la poursuite du rêve Futurama perdure. Des petites villes aux grandes métropoles, Montréal n’est pas le seul qui confronte une vision de mobilité paralysée à 1939.
L’échangeur Spencer Road (Bear Mountain), Langford (Colombie-Britannique)
Et moi, je croyais que la Colombie-Britannique ne représentait que la weed et la granola. Ne symbolise-t-elle pas déjà le « Great Green Hope » ? Peut-être Langford (population 22 459), banlieue de Victoria, n’arbore-t-il pas cette décoration. Certes, le projet de l’échangeur Spencer Road a été provisoirement suspendu. Mais la cessation de travaux est arrivée après la destruction des grottes et des marais. Planifié dans le but de gérer les demandes de développement pour la région capitale ; financé curieusement de la part des promoteurs, l’échangeur ne se distingue pas des autres trouvés à travers le Canada. Néanmoins, les citoyens demeurent vigilants : la dévastation des écosystèmes, les complexes hôteliers, et la propagation de l’étalement urbain ne sont pas accueillis dans leur jardin d’éden.
Spencer’s Pond – un des plusieurs groupes qui remettent en question les actions de leurs élus.
L’échangeur Kennedy, Louisville (Kentucky)
À Louisville (population 713 877), prononcé « loouhvull », un projet autoroutier se rendra plus problématique à se promener « on the banks of the Ohio ». Les citoyens livrent un combat contre l’imposition grossière sur leur espace public qui prend la forme d’un échangeur fabuleux. Imaginer un plan montréalais, composé de 24 voies, de la convergence de 3 autoroutes et de 2 nouveaux ponts traversant le fleuve ; étalé sur les habitats riverains et les zones commerciales et résidentielles ; et proposé pour les abords de la station Champ-de-Mars. Le coût de 4.1 milliards, ne pourrait-il pas être utilisé pour l’instauration d’un réseau dense de tramways et de trains de banlieue ?
8664.org – l’association populaire, remplie de jeunes idéalistes, qui tente de combattre cette monstruosité.
Le Grand Parkway, Houston (Texas)
Everything’s bigger in Texas – en soi, cette déclaration pique ma curiosité. Mais, à Houston, avec un réseau autoroutier à environ 1 200 km de longueur, bigger n’est pas toujours better. Le modèle parfait de l’étalement urbain construit son troisième périphérique. Houston, you harlot – Sois décente ! Combien de villes nord-américaines possèdent 3 périphériques ? Le Grand Parkway, ne concerne pas seulement un échangeur ; il s’agit d’une centaine qui s’étalent à travers des champs inhabités et des écosystèmes fragiles, dont un parc national texan. Les citoyens, accepteront-ils ce plan, estimé à 5.1 milliards ? Ou, ferrailleront-ils contre l’association à but non lucratif qui promeut la réalisation du projet ? Ai-je oublié de vous dire que cette association est composée des promoteurs et des propriétaires du terrain qui longe la route choisie pour cette autoroute ?
Au jour où les zombies se réalisent, Jane Jacobs mordra les cous des leaders impliqués dans ces projets du transport. La question se pose : pourchasserait-elle aussi ceux à qui nous avons confié le dossier Turcot ?
2 comments
“La question se pose : pourchasserait-elle aussi ceux à qui nous avons confié le dossier Turcot ?”
The problem is, this blog has always given a pass to the PLQ, for whatever reason (with maybe the exception of Mr. Larsen) with rather embarrassing results. (Liberal MTQ collusion? Whoops.) Since Jane Jacobs was a Québec sovereigntist she probably wouldn’t have had this bizarre hangup.
C’mon, NEU, didn’t you see that Jean Charest is promising to make Quebec meet Copenhagen standards? The Arctic is melting and maybe all our rivers (dams) will overflow but, hey, we gonna look good in Copenhagen!