- Promeneur, pédaleur, conducteur, ensemble dans le même espace à Brighton UK. Image credits ― De Facto
« On ne jouit bien que de ce qu’on partage. »
– Madame de Genlis
Plus que deux tiers de notre habitat urbain sont consacrés aux infrastructures routières. En effet, les rues sont les espaces publics les plus nombreux et les plus accessibles d’une ville. C’est dans cet espace où la grande partie des échanges humains se font. Dommage que nous octroyions tout cet espace à l’être motorisé (la voiture) et non à l’être humain.
Le troisième scénario de cette série tire son inspiration du concept de Shared Space, « l’espace partagé », afin de corriger l’injustice de la division inégale de l’usage de l’espace. Dans ce cas, le but est de rendre les rues à ses vrais propriétaires : nous. Cette révolution a d’abord éclaté aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne ; c’est maintenant que Montréal doit y participer.
Les pistes cyclables are out ; les espaces partagés are in
Ce courant urbanistique préconise une mixité totale des usages de la voirie. Oubliez la ségrégation du deuxième scénario – ici, tous les modes de transport coopèrent et cohabitent dans le même espace : piétons, cyclistes, automobilistes… L’ère où chaque usage routier détenait et défendait son propre territoire s’achève. La ségrégation des usages a failli à la tâche d’améliorer la qualité de vie des citoyens — nos routes restent toujours encombrées et dangereuses.
L’idée de shared space, conçue par Hans Monderman, est née d’un besoin de créer des espaces à la fois plus sécuritaires et plus « vivables ». Elle repose sur les principes de l’attention particulière accordée à l’autre : notre tempérament dans le milieu urbain s’améliore lorsque nous nous reconnaissons, par contact visuel. Plusieurs études ont montré une réduction des accidents sur les voiries partagées, et ceux qui se produisent sont moins graves.
Les éléments du premier scénario
la verdure / le parcomètre / le mobilier urbain / le patrimoine
La voirie
Il s’agit d’un nivellement du sol en béton ; les « voies » sont tracées par des bacs à fleurs minimalistes, par la peinture artistique, ou par des aménagements ressemblants à ceux trouvés sur les trottoirs de la rue St-Viateur Est. Le choix du béton (au lieu de la brique, de la dalle, ou du pavé) permet de s’adapter au caractère presque industriel de la rue.
Le design des espaces partagés bouscule les préjugés sur la notion de « la rue ». La caractéristique la plus frappante serait la réduction substantielle de l’encombrement. Les rues modernes constituent une véritable cacophonie des panneaux, des barrières, et des interdictions. Les espaces partagés répriment ce désordre afin de créer un espace où l’interaction humaine et le contact visuel sont encouragés.
- Image credits ― Gene.arboit
L’avenue Duluth s’inspire du modèle néerlandais de woonerf (les cours résidentielles ou living streets). Ce concept date des années 1980 et adopte les mêmes principes que shared space, mais l’accent est mis sur l’aspect résidentiel. Cependant, cette rue ne sert pas d’exemple pour la rue St-Viateur, car la touche de l’urbaniste est trop visible. Le remplacement du goudron par la brique, et l’implantation de bacs à fleurs et des lampadaires de style village constituent des aménagements un peu trop touristiques. Dans le cas de St-Viateur, il faut s’attacher aux désirs de la population qui semble se plaire dans l’ambiance conviviale qu’ils trouvent déjà dans leur quartier. Garder les poteaux électriques d’antan. Encourager les points informels de rencontre. Privilégier l’aspect ouvrier du quartier.
Il faut certes déplorer l’omniprésence de la voiture en ville, mais les véhicules ne devraient pas jouer le rôle de l’ennemi. En fait, ils devraient être traités en partenaires. Très pratiques, ils font partie de nos vies et contribuent à l’animation d’un quartier. Au lieu de les ostraciser, une meilleure St-Viateur doit chercher à les civiliser et à les socialiser afin de les rendre plus « humains ».
LIMITES
L’accessibilité pour les aveugles et les malvoyants.
La sensibilisation de la population motorisée vers un nouveau genre de rue.
DISCUSSION
Le comité des citoyens du Mile-End invite :
Mile-End sans voitures ― UN CAFÉ CITOYEN : Présentation et forum public
OUVERT À TOUS ET À TOUTES!!
Comment pouvons-nous améliorer NOTRE espace public ? Comment imaginez-vous le quartier idéal ?
Venez partager vos idées au café Le Cagibi (5490, boulevard Saint-Laurent au coin de Saint-Viateur) ce soir [19h – 21h], le lundi 22 mars 2010.
Page facebook de l’événement – ici
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remerciements : Mathilde Comment, Sachie Ohta, et Alexandre Sirvain pour les recherches
2 comments
Pas d’accord avec le fait de conserver les poteaux électriques – bien entendu pour limiter les frais, il faut attendre un moment où des travaux majeurs seront nécessaires pour enfouir les fils. Où il y a des poteaux, on ne peut pas avoir de beaux arbres à cause des tailles horribles d’Hydro-Québec. Et on peut très bien mettre des bacs à fleurs partout, pas uniquement dans les quartiers touristiques.
Je pense que l’espace partagé exige une culture cycliste antérieure, comme aux Pays-Bas. Ici nous devons exiger un espace bien à nous, en tant que cyclistes, pour favoriser l’essor de cette culture de cyclisme urbain.
pourquoi réimaginer un tel rue de caractère intéressant et fixé dans le patrimoine de la ville?
réimaginons boul. henri-bourassa, rue hochelaga (vers honoré-beaugrand, boul. st-michel angle jarry,. rue airlie à lasalle, duff court, ama baie…etc.
comme urbaniste, il faut toujours penser à améliorer le sort des gens dans le plus grand besoin. Il faut constater que des gens habitent hors du coeur de la ville (c’est à dire 90% des montréalais/ses)_. C;est plutot rare de trouver une article sur spacing qui dépasse la métropolitaine.