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Canadian Urbanism Uncovered

Maggy Flynn: Créer des communautés à travers l’art

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Crédit photo : Péristyle Nomade

Collaboration Spéciale: Marie-Sophie Banville trouve son compte quelque part entre les études féministes, la science politique et l’urbanisme. Elle aime les initiatives, petites et grandes, qui humanisent l’espace urbain en le rendant original et imprévu.

Maggy Flynn est une artiste interdisciplinaire habitant le quartier Centre-Sud à Montréal.   Depuis quelques années, ses interventions artistiques d’une grande originalité ont contribué à leur manière à transformer le paysage urbain de ce quartier. Parmi ses récents projets, notons l’Abri-Thé et la Freeperie.

Pendant l’automne 2010, de longs travaux de réfection ont paralysé une partie de la rue Ontario.  Maggy a profité de la désertion des abri-bus dans les tronçons en réparation pour y installer un salon de thé. Pendant toute une journée, elle a offert gratuitement du thé, du café et  une oreille attentive aux passants qui ont bien voulu prendre une pose en sa compagnie dans cet abri-bus méconnaissable maintenant recouvert de tapisseries, garni de comfortables coussins et éclairé aux chandelles.

À l’été 2009, Maggy a mis sur pied un autre projet de plus grande envergure; l’ouverture d’une Freeperie en plein air. “Donnez c’est gratuit, prenez c’est gratuit aussi”, tel était le principe de ce projet. Dans le cadre de son projet ViReBô Cs, en collaboration avec la compagnie artistique Péristyle Nomade, Maggy a occupé et animé cet espace situé dans un stationnement à l’arrière du Café Coop Touski pendant plus d’un mois.  Barbecue en plein air, fête d’enfant, séance de Yoga matinale, atelier de cuisine crudivore, Maggy a su transformer un cul-de-sac du Centre-Sud en un véritable pôle d’activité sociale et culturelle. Ce projet a connu un tel succès que lorsque fut venu le temps de démonter son installation, quelques résidents, devenus habitués de l’endroit, se sont proposés pour entretenir la Freeperie en son absence. Le projet qui ne devait  durer que quelques semaines s’est finalement échelonné sur tout l’été.

Un espace urbain créatif et inattendu

Les interventions artistiques de Maggy Flynn outrepassent largement une simple fonction esthétique d’embellissement; elles créent de véritables espaces relationnels.  Maggy qualifie d’ailleurs son travail d’art communautaire. Selon elle, le fait de partager un même quartier avec d’autres personnes constitue une base sur laquelle il est possible de bâtir une communauté. C’est autour d’une oeuvre de Maggy que vous prendrez enfin le temps de vous présenter à ce voisin que vous croisez tous les jours depuis si longtemps. C’est à cause d’une oeuvre de Maggy que vous saluerez ce même voisin la prochaine fois que vous le croiserez dans la rue. Loin d’être anodins, ces simple gestes ont une incidence bien réelle sur le rapport que les résidents entretiennent entre eux et avec le quartier. Les interventions artistiques de Maggy proposent un investissement actif et créatif de l’espace urbain.  Soudainement, les stationnements, les abri-bus, les terrains vagues et les ruelles deviennent des lieux à possibilités multiples. Il ne s’agit plus de simplement transiter dans son quartier dans les artères prévues à cet effet (rues et trottoirs). Il est maintenant possible de s’approprier les racoins les plus inutilisés d’un quartier pour réaliser, contre toute attente, que c’est dans les endroits les moins fréquentés que les communautés se forment et que les liens se tissent.

Les communautés qui se forment autour des interventions artistiques de Maggy ont certes quelque chose d’éphémère; sans la présence de l’artiste les oeuvres perdent une grande partie de leur pouvoir rassembleur. Il n’en reste pas moins qu’elles contribuent fortement à construire un sentiment d’appartenance au quartier en faisant tomber, même momentanément, les barrières entre les gens et en nous invitant tous à idéaliser et investir notre quartier avec la même créativité. Maggy insiste aussi sur le fait que c’est à travers de telles initiatives qu’elle a pu établir un lien de confiance avec plusieurs résidents du quartier, chose cruciale pour bâtir une communauté.

La présence de Maggy se fait encore et toujours sentir dans le Centre-Sud. Son dernier projet? La création du Carré des Fermières du Centre-Sud en collaboration avec une autre artiste locale, Marilo. Les mardi, à chaque deux semaines, les fermières et les fermiers se rencontrent au Café Coop Touski (2361 Ontario-Est) pour tricoter, crocheter, repriser et tisser des liens entre elles. D’autres activités sont également prévues à l’horaire; échange de vêtement, fabrication de savons, confections de conserves, etc. L’activité est ouverte à tous.

La prochaine rencontre a lieu le 5 avril au Touski dès 18h00.

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