Avec la cour Turcot et l’ancienne gare de triage Outremont, le site de l’hippodrome de Montréal est l’un des derniers grands terrains vacants de la métropole. Le vaste espace de 43.5 hectares accueillera un nouveau quartier d’ici 2017.
Il s’agit du dernier grand projet de développement et de construction dont l’ex-maire de la métropole Gerald Tremblay a fait l’annonce officielle. C’est (ironiquement) aux côtés de Michael Applebaum, alors simple maire de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, que Gerald Tremblay a annoncé un projet ambitieux et concerté: un étoffé comité d’experts alimenté de visions citoyennes, une vaste consultation d’avant-projet et un concours international afin d’en faire un quartier urbain exemplaire. Déjà, le comité – conseil souhaite mettre de l’avant la santé des résidants, en priorisant le commerce de proximité, une grande part de logement social et la piétonisation de certains secteurs. La nature aura sa place au cœur du projet, sous forme de toits vers, jardins communautaires et de nombreux parcs, notamment.
L’hippodrome de Montréal
En 1907, les courses de chevaux Blue Bonnets déménagent de Ville Saint-Pierre pour s’installer sur le site actuel, alors occupé par des champs. Certaines courses atteignent plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, mais depuis les années 1970 les activités hippiques sont en déclin. Après quelques efforts infructueux de relance par les salons de vidéo poker, l’hippodrome cesse définitivement ses activités en 2009. C’est en mars dernier que la Société nationale du cheval de course a signé une entente avec la Ville de Montréal afin que cette dernière devienne propriétaire du terrain, moyennant des compensations financières sur les futurs revenus tirés de l’exploitation du site.
Blue bonnets s’inscrit dans les grands héritages de l’histoire sportive, touristique et économique de la ville, au même titre que le stade olympique et le Casino de Montréal —trois structures dont les locataires ont rêvé en vain d’un déménagement au Centre-Ville. Ce lieu s’inscrit aussi dans l’histoire des espaces vacants du centre de l’ile qui ont toujours entretenu un lien particulier avec la nature en ville.
Des chevaux en ville
Vers 1830, Côte-des-Neiges est une destination de villégiature et l’équitation y est populaire. Soixante ans plus tard le Montreal Hunt Club construit un pavillon à quelques kilomètres du futur hippodrome pour y pratiquer la chasse à courre jusqu’à sa relocalisation régionale, quatre décennies plus tard.
Avant sa fermeture, l’hippodrome était le plus vaste espace destiné spécifiquement aux chevaux à Montréal. Ce sont désormais les écuries du Sud-Ouest , la cavalerie du Mont-Royal (SPVM) et plus loin la ferme du Cap-Saint-Jacques qui sont gardiennes de l’héritage chevalin montréalais. Alors que des efforts fructueux de mobilisation sont réalisés pour sauver le Horse Palace dans Griffintown, justement au nom de cet héritage centenaire, le débat est désormais ailleurs pour l’hippodrome.
Certes, l’histoire hippique est mentionnée comme étant un atout du site sur la page Internet du projet. Mais comment honorer cette histoire ? Au delà de la perte du touchant anachronisme que représente la présence équine en ville, ce lieu était unique, ne serait-ce que par l’espace démesuré qu’il occupait au cœur de la métropole. Si Montréal se dote des moyens de créer un quartier modèle, elle doit aussi s’assurer que l’esprit du lieu soit au cœur du concept d’aménagement afin que le Genius loci ne se résume pas qu’à la rue des Jockeys.
One comment
Pour avoir pris soin des équins de la ferme du Cap Saint-Jacques pendant les deux dernières années, je peux moi-même témoigner de l’intérêt, voir même l’émerveillement, des visiteurs pour ces bêtes. La plupart d’entres eux étant des citadins ou des résidents de la banlieue péri-urbaine, les chances de faire de telles rencontres sont bien minces. Je suis bien d’accord que les nouveaux quartiers tissés de toutes pièces (comme Bois-Franc à Cartierville, bâtit sur le site de l’ancien aéroport de Cartierville qui n’en retient pourtant aucun élément historique) devraient y intégrer des éléments de leur patrimoine naturel et culturel afin que les gens comprennent un peu mieux la mosaique urbaine dans laquelle ils vivent.
Est-ce que cela serait considéré fou d’avoir une petite ferme ou un centre équestre en plein milieu du nouveau quartier de l’hippodrome? Et pourquoi cela, puisque ces activités ont fait partie de ce site pendant des décennies?! Nous devons redéfinir les paramètres de l’environnement dans lequel nous vivons. Un quartier urbain doit-il être seulement composé de rues et boulevards, de commerces à grande surface, de parc gazonnés et de rangées de maison semi-identique? Qui a dit que cela représentait un modèle parfait d’habitation pour un être humain? De toute évidence, ce ne l’est pas! La formule n’est pas parfaite.
Un peu plus de mixicité, s’il vous plaît! Et un peu plus de respect pour le patrimoine montréalais!
Nous avons devant nous une superbe opportunité! Ne suffit que de la saisir!